Frank Abagnale Junior (Leonardo DiCaprio) n’a que 16 ans quand il découvre que sa mère trompe son père, puis demande le divorce. Il s’enfuit. Six ans plus tard, Frank aura mené plusieurs vies. Les pilotes de ligne fascinent et inspirent confiance, il sera pilote. Pour les beaux yeux d’une infirmière, il se fera médecin, puis avocat d’affaire. Il écoute, observe et s’appuie sur le travail de ses collaborateurs. Il finance sa fuite en émettant des millions de dollars de chèques en bois. Carl Hanratty (Tom Hanks), agent du FBI, s’est juré de capturer le faussaire.
Steven Spielberg a acquis les droits de l’autobiographie de Frank pour la réécrire avec talent.
Son scénario est basé sur l’amitié naissante entre deux solitaires, le jeune escroc playboy et le vieux policier persévérant. Qu’est-ce qu’une comédie réussie ? Une alchimie rare alliant un rythme effréné, des seconds rôles attachants, des rebondissements, de l’émotion, une lumière contrastée, des prises de vues originales. Spielberg sait faire. Si la mère (Nathalie Baye) est sous utilisée, le père (Christopher Walken), tout de pudeur contenue, est magnifique. Les hôtesses sont ravissantes, l’infirmière gentiment cruche, le beau-père potentiel (Martin Sheen) incarne un père cruel, mais un mari touchant.
DiCaprio est parfait. Incapable de choisir entre son père et sa mère, il fuit et se découvre un talent pour l’improvisation. Hanratty déboule dans sa chambre d’hôtel pour l’arrêter, en une fraction de seconde, il se fait agent de police et prend, malgré la différence d’âge, l’ascendant. Il bluffe, utilise sa connaissance des lieux et des voisins pour gagner les minutes nécessaires pour s’enfuir. Il fuit pour faire fortune, afin d’offrir les moyens à son père de reconquérir sa mère, mais l’argent ne rattrape par le temps perdu. Il fuit pour retrouver une famille, mais que bâtir de durable sur le mensonge ? Il fuit pour masquer sa solitude… Or, les années passent et il n’a, pour seul « ami », qu’Hanraty. La comédie se fait doux-amer.
La police se rapproche et la sanction sera lourde. Les banquiers détestent que l’on joue avec leur argent. L’escroc se sait condamné. DiCaprio parade avec ses hôtesses sur Come Fly With Me de Frank Sinatra, le monde est, une dernière fois, à ses pieds.