Pour noël, on a droit à une adaptation de l'excellent jeu vidéo Assassin's Creed et ce n'est pas vraiment un cadeau. C'est un nouveau ratage dans ce domaine où on ne compte plus les multiples ratages digne des plus grands navets de Paul W.S. Anderson.
"C'est quoi ce bordel?" s'interroge Cal Lynch (Michael Fassbender) durant le film. Ce moment de lucidité arrive un peu tard, vu que dès le début du film, ça ne sent pas très bon. En un claquement de musique assourdissante, on passe de l'Espagne sous l'inquisition en 1432 (approximativement), aux états-unis sous BMX de 1986, puis de nos jours sous pas grand chose. Au premier abord, le scénario est un brin confus, avant de devenir des plus simpliste et finalement sans intérêt en se concluant lors d'un final bâclé, ouvrant à une suite, en espérant qu'elle ne voit jamais le jour, ni même la nuit....
Avec un budget estimé entre 150 et 200M$, Ubisoft s'est donné les moyens de ses ambitions. C'est un produit luxueux avec en tête de gondole Michael Fassbender, qui trouve un rôle lui permettant d'exprimer plusieurs émotions. C'est un homme torturé par la mort de sa mère assassiné par son père. Cela lui permet de serrer la mâchoire et d'avoir l'air pas très content. Il peut même s'amuser à chanter sa folie, à gigoter dans tout les sens, à exhiber son torse et à se battre en courant sur des fils, en sautant d'un toit à l'autre et à faire le fameux saut de la foi, grâce à sa doublure cascade. Il nous fait son Tom Cruise version Jack Reacher et sans son excellente prestation en début d'année dans Jobs, on aurait pu y voir le début du déclin de son talent. Cela ressemble surtout à une parenthèse récréative, lui permettant de se détendre comme dans les X-Men et de remplir son compte en banque pour faire de beaux cadeaux à la divine Alicia Vikander, ce qui est tout à fait honorable de sa part.
Le réalisateur Justin Kurzel a déclaré s'être inspiré des westerns de Sergio Leone et du Lawrence d'Arabie de David Lean. Ces immenses réalisateurs ne sont malheureusement plus de ce monde et ce n'est pas plus mal, sinon ils se seraient étouffés en lisant ses propos. Ce n'est pas que le film soit dégueulasse visuellement, mais plutôt qu'il ne propose rien d'intéressant et est dénué d'émotions. Cela ressemble plus à une production Luc Besson, avec des yamakasi bondissant, courant, volant et trouvant le temps de prendre la pause pour qu'on puisse leur attribuer une note artistique, tout en évitant de se prendre une flèche ou tout autres objets contondants. Le sommet de leur prestation étant le saut de la foi, dont on ne verra pas l'atterrissage, savamment enseveli sous un amas d'effets visuels pour éviter le ridicule de la situation.
Il y a un côté sale version Mad Max : Fury Road de George Miller dans l'Espagne du XVeme siècle. On le voit lors de la poursuite de chariots, sauf que c'est une pâle copie et on est loin de la technique efficace du vieux roublard. En dehors de ce moment un brin trépidant, l'action se fait discrète ou est massacrée à cause des allers/retours en plein combat, ce qui gâche le peu de plaisir que le film pouvait possiblement nous offrir. En plus, Michael Fassbender ne nous aide pas en déclarant plusieurs fois avoir faim, ce qui au sein d'un film aussi ennuyeux, va réveiller notre estomac. On peut sortir durant la séance pour faire le plein de sucreries, on ne ratera rien et surtout cela permet à nos tympans de souffler un peu, après avoir subi divers assauts d'une musique assourdissante pour nous empêcher de nous endormir, alors que cela n'aurait pas été de refus.
C'est un nouveau navet dans le domaine de l'adaptation des jeux vidéos sur grand écran, malgré un casting intéressant avec Michael K. Williams, Brendan Gleeson, Jeremy Irons, Charlotte Rampling et Marion Cotillard. Le problème provenant toujours de l'absence d'un scénario, l'intrigue s'appuyant sur une idée sans réussir à la développer.