Me targuant d'ordinaire de jouir d'une mémoire confortable, ce qui serait d'autant plus vrai concernant le champ du cinéma, il m'est pourtant aujourd'hui impossible d'en extirper l'enjeu principal de Ave, César!... ce qui est grandement symptomatique de mon avis sur ce Coen(s) mineur.
De ce fait, comment aborder ce film ô combien peu folichon des frangins Coen, dont le talent (qui n'est plus à démontrer) y était vraisemblablement aux abonnés absents ? Certes, en dépit de cette étiquette "mineur" le long-métrage ne manque pas d'aborder un casting que j'affublerai en l'espèce de la mention "alléchant", mais cela suffit-il ?
Rien de surprenant connaissant la fratrie Coen, celle-ci s'attachant ici les services de Brolin, Clooney ou encore Johansson pour ne citer qu'eux, et dotant par extension Avé, César! d'un sacré potentiel en termes de protagonistes. Mais aligner quelques grands noms au générique n'a jamais été un gage de succès invariable, le film ployant justement sous le poids d'une galerie de personnages probablement trop large : allant de ce fait de pair avec un scénario s'égarant en une multitude de sous-intrigues rendant le tout confus, Ave, César! s'encombre de figures secondaires survolées et perd finalement en intérêt.
Entendons par là que les déboires d'Eddie Mannix, vraisemblablement le sujet central de tout ce boxon hollywoodien, ne sont guère convaincantes : en fait, le long-métrage s'apparente davantage à un sacré fourre-tout peu digeste dont la loufoquerie ambiante trahit une densité en berne. Peut-être s'agissait-il d'une manière d'intégrer en une petite heure et quarante minutes toute la richesse de l'Hollywood d'alors, sous couvert d'un esprit supposément parodique... mais difficile en l'espèce de se satisfaire de cette satire gentillette.
Certes, le casting apporte une plus-value bienvenue (malgré ce cabotin de Clooney) et les irréductibles Coen parent l'ensemble d'une imagerie probante, mais difficile de se prendre au jeu alors que Ave, César! échoue aussi sur le plan comique : l'humour n'est en ce sens pas marquant, non pas qu'il soit absent des radars mais l'ambiance du long-métrage brille davantage de par son étrangeté que d'une véritable satire acide, que l'on pouvait espérer subtile comme efficace.
Se voulant facétieux, Ave, César! échoue donc de bout en bout, jamais à même de nous passionner pour son méli-mélo somme toute correct... mais ô combien décevant de la part des frangins Coen.