Dès sa première bande annonce, Boss Level de Joe Carnahan m’a immédiatement plu. Avec son concept de boucle temporelle saupoudrée de jeu vidéo, le tout avec de l’action badass qui cherche avant tout à procurer du fun au spectateur sans jamais sembler chercher à péter plus haut que son cul, c’est le genre de série B bourrine qui convient parfaitement à mon petit cerveau qui en a marre de ces blockbusters interchangeables qui inondent nos écrans de cinéma ces dernières années. Boss Level est un film qui fait du bien. Oui, c’est ça, il fait du bien. Il est loin d’être parfait. Il est même rempli de petits points noirs qui font qu’il n’atteint clairement pas des sommets. Il lui manque ce petit quelque chose qui lui fera faire date. Mais difficile de résister au spectacle grisant qui nous est proposé, avec de l’action qui envoie du pâté et qui sait rester premier degré là ou d’autres ne se seraient pas assumés et auraient choisi la carte du second degré.
Joe Carnahan est un réalisateur très intéressant qui mériterait une plus grande reconnaissance dans le milieu hollywoodien. Dès sa deuxième réalisation, Narc (2002), il a prouvé ce qu’il avait dans le ventre. On retrouve son nom derrière les films Mi$e à Prix (2006), L’Agence Tous Risques (2010), Le Territoire des Loups (2011) ou encore Stretch (2014), film malheureusement méconnu alors qu’il vaut clairement le détour. On le retrouvera d’ailleurs à la réalisation du prochain remake américain du The Raid (2011) de Gareth Evans. Mais comme Joe Carnahan semble avoir du mal à rentrer dans le rang, les producteurs ne semblent plus avoir envie de lui donner les rênes de trop gros blockbusters. Après s’être réfugié à la télévision où il réalise des épisodes pour les séries Blacklist et State of Affairs, Il revient au long métrage avec Boss Level, doté d’un budget de 45M$US « seulement ». Compliqué de mettre en images ce qu’il veut faire mais il se lance quand même et le film se tourne en 2018 pour une sortie prévue pour l’été 2019. Mais le film est lâché par son distributeur, récupéré par Amazon, lâché par Amazon, puis sorti des radars avant que la plateforme Hulu ne s’intéresse au projet en 2020. Ou comment passer du grand écran à la VOD en quelques mois. Bref. Nous sommes donc ici dans une grosse série B qui pourrait être le croisement entre Un Jour sans Fin, un actionneur bien bourrin façon Piège de Cristal, le tout saupoudré de jeux vidéo tels que Street Fighter 2 ou des beat’em all du genre Double Dragon 2, Street of Rage ou Altered Beast, que le film cite par ailleurs. En gros, nous sommes devant un gros défouloir, souvent jouissif, avec un scénario qui va être construit comme celui d’un jeu vidéo, avec un Frank Grillo (Captain America 2 et 3, la saga American Nightmare) en mode anti-héros, très investi et portant clairement le film sur ses épaules. Ce dernier est excellent, bon dans tous les registres, que ce soit les scènes d’action, les moments plus dramatiques ou les scènes comiques, et est clairement un moteur dans la progression dramatique de la bobine.
Boss Level va à fond dans le jeu vidéo. Par son titre bien entendu, composé de deux termes vidéoludiques, ou la police d’écriture qu’il va utiliser tout le long du métrage, mais pas que. Le film est en quelques sortes du Die and Retry, un style de jeu, souvent très difficile, qui consiste à faire et refaire encore et toujours des parties, connaitre par cœur le contenu et finir par progresser petit à petit. Mais il y a également ici des sbires, tous avec un look ou des compétences bien à eux, ou encore un boss de fin de jeu. Notre héros va vivre inlassablement cette journée qui se répète, essayer de récolter des indices sur pourquoi il est dans cette boucle temporelle, affronter encore et toujours les mêmes ennemis, apprendre des choses. Et puis mourir. Beaucoup mourir. Le film va d’ailleurs beaucoup d’amuser sur les différentes morts du personnage, parfois bien gores, souvent burlesques, mais toujours très funs. Cet aspect jeu vidéo va permettre à Joe Carnahan se de lâcher visuellement parlant. Le montage de son film est exemplaire, précis et faisant preuve de beaucoup d’inventivité. Le rythme du film ne va laisser que peu de répit au spectateur et à part un petit moment plus posé avant le final, ça ne prend que très peu de pauses et cherche à amener le spectateur avec lui dans sa petite frénésie.
Mais Boss Level a aussi ses problèmes, à commencer par un budget un peu trop faible par rapport à ses ambitions. Il en résulte des CGI pas toujours très réussis qui risquent de faire grincer plus d’une dent. Aussi, le fait que le film soit très centré sur son héros ne laisse que peu de place aux personnages secondaires. On aurait aimé que le film creuse un peu plus certains personnages, comme celui de Michelle Yeoh (Tigre et Dragon, Police Story 3) ou celui de l’antagoniste principal qui, il faut l’avouer est un peu fade. On est content de retrouver Mel Gibson dans ce rôle, et il est plutôt bon, mais au final son personnage est assez anecdotique car on ne retrouve pas cette aura qu’est censé avoir un « boss de fin ». Le concept pourra également paraitre un peu trop répétitif pour certains car justement il ne s’attarde pas assez sur certains « à cotés ».
Boss Level, c’est de la grosse série B qui ne se prend pas la tête. Il cherche à nous offrir du fun et il réussit plutôt bien son pari. Certes, son concept de la boucle temporelle a déjà été vu plusieurs fois. Mais en faisant le parallèle avec les jeux vidéo, Boss Level se démarque suffisamment et le divertissement est bel et bien là.
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