Triptyque tragi-comique, farcesque, satirique se déroulant dans le Veneto (nord-est de l’Italie) autour du thème principal de l’hypocrisie, Signore & signori fait souvent rire mais peut être aussi très cruel, à l’image de cette bande d’amis s’aimant par devant et faisant la nique par derrière.


En effet, dans le dos des personnages s’agite un monde insoupçonné, plus conséquent et plus significatif que celui, visible, qui leur fait face. L’une des premières scènes l’illustre à merveille: une femme, surprise de voir arriver une “amie”, confie, à voix basse, enragée: “mais que fait cette pimbêche ici?” (ou quelque chose dans le genre) puis s’adressant à l’amie en question, elle lance avec un grand sourire: “Chérie, Tu es là? Qu’est-ce que tu es belle!”. Bienvenue dans le bal des faux-culs.


C’est bien d’hypocrisie qu’il s’agit ici, dans un monde où les apparences règnent et où il faut à tout prix les préserver. Ce thème, récurrent chez Germi, comme dans le sicilien Sedotta e abbandonata ou le plus grave Il Ferroviere, dépasse en fait le simple travail du réalisateur et son regard sur l’autre: il est plutôt un reflet de la société et de ses relations, élevé à un niveau supérieur en Italie, et encore plus dans le Veneto, comme l’affirme Germi.


Ici, tout le monde en prend pour son grade : l’homme trompé ne le prend pas trop mal quand il l’apprend : il veut surtout que personne ne le sache ; les bourgeois, ne sont pas inquiétés par leur crime : ils ne veulent surtout pas salir leur réputation ; le journaliste se targue d’être indépendant mais il fléchit au moindre coup de fil d’un haut placé ; la bigote, grande amie du curé et pourfendeuse des nobles causes, couche avec un paysan après l’avoir corrompu ; seul ce pauvre mari si pathétique, mené (et malmené) à la baguette par cette hystérique folle à lier s’en sort, moralement parlant.


Avec un rythme parfois difficile à supporter (Germi aurait-il pris trop de caféine ?!!), une méchanceté gratuite et pas toujours drôle, Signore & signori est plaisant, quoiqu’un peu lourd parfois.


6.5/10

Marlon_B
7
Écrit par

Créée

le 21 avr. 2021

Critique lue 103 fois

Marlon_B

Écrit par

Critique lue 103 fois

D'autres avis sur Ces messieurs dames

Ces messieurs dames
StanLefort
8

Le quotidien de la bourgeoisie huppée dans une ville italienne de province.

L'histoire se passe dans les années soixante. La vie des bourges de province vue tantôt avec la lorgnette, tantôt carrément par le trou de la serrure. Et c'est pas triste: qui couche avec qui,...

le 14 nov. 2011

5 j'aime

3

Ces messieurs dames
philippequevillart
8

Les bourgeois c'est comme les cochons...

Un peu à la manière du Il Vitelloni de Fellini, Pietro Germi dresse un portrait au vitriol de la jeunesse petite-bourgeoise italienne, sauf que ces jeunes là, sont de bons quinquagénaires qui...

le 6 avr. 2018

2 j'aime

Ces messieurs dames
Eric31
9

Critique de Ces messieurs dames par Eric31

Ces messieurs dames (Signore & signori) est une excellente satire sur la bourgeoisie Italienne réalisé par Pietro Germi, coécrite par Agenore Incrocci, Furio Scarpelli et Luciano Vincenzoni qui...

le 4 août 2015

2 j'aime

Du même critique

Call Me by Your Name
Marlon_B
5

Statue grecque bipède

Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...

le 17 janv. 2018

30 j'aime

1

Lady Bird
Marlon_B
5

Girly, cheesy mais indie

Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...

le 18 janv. 2018

26 j'aime

2

Vitalina Varela
Marlon_B
4

Expérimental

Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...

le 25 mars 2020

11 j'aime

11