Un peu à la manière du Il Vitelloni de Fellini, Pietro Germi dresse un portrait au vitriol de la jeunesse petite-bourgeoise italienne, sauf que ces jeunes là, sont de bons quinquagénaires qui évoluent comme des trublions qui se permettent à peu près tout.
En permanence accompagné d’une partition de Carlo Rustichelli qui s’immisce dans la mise en scène comme une ritournelle acerbe aux accents ironiques, ce pamphlet d’une férocité implacable se compose de trois parties distinctes reliées par un même fil conducteur. La bande de petits bourgeois arrivistes qui étalent leur mesquinerie au détriment des autres, ces gueux et ces moins que rien.
Souvent et tout à fait injustement moins mis en avant qu’un Dino Risi ou un Mario Monicelli dans le jargon cinéphile de cette grande période du cinéma transalpin, Pietro Germi n’en demeure pas moins l’un des cinéastes les plus doués de sa génération.
Réalisé en 1964, Signore & Signori est dans la continuité de ses deux œuvres précédentes, Divorce à L’Italienne et Séduite Et Abandonnée, une sorte de version alternative décapante des bonnes mœurs de la société italienne et des relations affectives homme-femme. Quand les deux œuvres précédentes mettaient en opposition le conservatisme traditionnelle avec les travers de l’homme et son obsession du sexe, celui-ci fait carrément tout exploser dans un florilège de perversions diverses adoubé par l’institution bien-pensante et les notables en tout genre. Tous, passent à la moulinette Germi avec une certaine délectation, la justice, les politiques, les journalistes et même la sacro-sainte église en prennent pour leur grade. Chacun joue de son pouvoir et de son grade pour défendre le copain.
Satire acide de la société italienne de l’époque n’omettant jamais de traiter de sujets graves, comme la pédophilie institutionnelle adoubée par quelques notables se croyant au-dessus des lois, Signore & Signori est encore une fois un film incontournable de l’œuvre de cette immense cinéaste qui possédait en plus d’un grand talent de conteur et un sens extraordinaire de la mise en scène, il ne fait jamais de filmage plan-plan, sa réalisation est dynamique et réussit pour ce film l’un des parfaits alliages avec la musique de Rustichelli qui fait partie intégrante de l’œuvre, qui l’accompagne comme une évidence.