Un titre français pourri
Clones est le dernier long métrage de Jonathan Mostow, réalisateur entre autres de Terminator 3. Le scénario est inspiré de celui du roman graphique de Robert Venditti et Brett Weldele. Son titre original est Surrogates, ce qui pourrait se traduire par Substituts. En effet, les machines qui sont au cœur du film ne sont pas des clones, copies conformes et vivantes d'humains, mais bien des robots, que les hommes et femmes d'un avenir proche manipulent à distance depuis leurs confortables conapts.
Marketing ! Marketing ! Les gens ne pouvant comprendre un mot de plus de deux syllabes, le terme clone a été choisi, sachant qu'il fallait absolument traduire ce titre original qui ne veut rien dire...
Voilà, petite introduction en coup de gueule parce que ce n'est pas la première fois qu'un titre français d'un film étranger est choisi n'importe comment.
On peut passer à la critique proprement dite...
Un bon divertissement
Les premières minutes du film présentent le contexte. Nous sommes dans un avenir proche. La robotique a progressé au point de permettre l'utilisation systématique de modules de substitution, les fameux surrogates. On nous présente des images d'archives – de vrais images de journaux télévisés ou de documentaires – des avancées en robotique, mélangées à d'autres filmées pour le besoin du long métrage. Le résultat est efficace : on se laisse convaincre qu'on n'est pas si loin du niveau technologique nécessaire à la production d'androïdes comme il y en a dans Clones. Et surtout, qu'on l'atteindra un jour.
Puis l'histoire commence vraiment et on assiste à un meurtre par surrogate interposé, alors que l'utilisation d'une telle machine est certifiée sans risque aucun. Bruce Willis et Radha Mitchell (qu'on a déjà vue dans Silent Hill ou Pitch Black), incarnant des agents du FBI, peuvent commencer leur enquête. Cette dernière est menée bon train par un Willis en bonne forme, qui perd en plus rapidement l'usage de son surrogate et est condamné à risquer véritablement sa peau... Le tout sur fond de problèmes personnels dus à la mort de son fils et à l'effondrement de son couple, effondrement marital accéléré par l'introduction des surrogates dans la vie de tous les jours.
Il y a tout ce qu'il faut dans ce film pour divertir le spectateur venu manger du film de SF américain, du Bruce Willis et du Rosamund Pike (toujours aussi mignonne que dans Doom ou La Faille).
Mention spéciale aux maquilleurs du film. Les surrogates qui représentent plus ou moins ceux qui les dirigent – parfois pas du tout car certains se travestissent complètement – sont juste un peu trop beaux pour paraître tout à fait vrais. L'équipe de Clones a réussi à donner aux acteurs un aspect légèrement artificiel saisissant. À l'inverse, quand les personnages apparaissent dans leur intimité que personne ne vient jamais violer, le peu d'importance qu'ils donnent à leur apparence est parfaitement rendue, avec des maquillages « vilaines peaux » très réalistes. Cela dit, Bruce Willis, lui, est comme par hasard tout à fait présentable...
Mais il y a évidemment un « Mais... »
Aucun film n'est parfait et Clones y compris. C'est maintenant le fan de SF qui parle, le spectateur un peu exigeant aussi.
Dans Clones, une partie de la population est opposée à l'utilisation des surrogates. Cette dernière a reçu l'autorisation de créer des réserves où les robots sont interdits. Les anti-machines ne rejettent pas pour autant la technologie, ce qui ne les empêche pas d'apparaître comme arriérés techniquement et de vivre dans des champs de ruines. La situation décrite est peu crédible, de mon point de vue.
Ensuite, le film passe rapidement sur les conséquences de l'utilisation massive des surrogates. La baisse de la délinquance et de la criminalité est évoquée mais pas expliquée (je ne vois pas le rapport de cause à effet, personnellement). ll y a aussi la fin des discriminations, tout à fait compréhensible pour les handicaps visibles. Mais la discrimination raciale est toujours présente (les surrogates sont toujours beaux et plutôt blancs), ce qui n'est pas creusé et bien dommage.
Les anti-machines sont dans un premier temps les suspects numéro un de l'enquête menée par les agents du FBI. Mais ils se révèlent finalement avoir un rôle plutôt accessoire dans l'histoire (désolé pour le spoiler). C'est assez décevant, surtout que l'explication des motivations du méchant sont quasi inexistantes et donc peu convaincantes.
Enfin, la toute fin du film, le ressort humain disons, qui permet le happy ending à l'américaine appartient à la catégorie du Deus ex machina. Autant dire qu'elle est à chier.
Clones est donc un film de qualité correcte, avec de gros défauts qui se remarquent mais qui n'empêchent pas de passer un moment divertissant. À voir de préférence aux bouses qui passent en même temps (This is it, Lucky Luke, Cinéman...).