Annoncé sur Hitek comme le Marvel le plus inédit de la phase 3, pour ma part pas si attendu (et encore moins connu), Doctor Strange ne se démarque pourtant que peu de ses congénères et ne doit son "salut" qu'à son casting quatre étoiles (Chiwetel Ejyofor, Mads Mikkelsen, Rachel McAdams, Tilda Swinton), dont on retiendra surtout, bien évidemment, l'emblématique figure de proue, le très en vogue Benedict "Sherlock/Smaug" Cumberbatch.
Parfaitement à l'aise dans la peau d'un chirurgien hors-pair, arrogant, cupide et sûr de lui (un rôle taillé à sa mesure), qui va finalement évoluer pour devenir plus responsable et empathique, l'interprète Britannique signe une performance particulièrement rafraîchissante et avantageuse pour le studio, qui a tout intérêt à exploiter ce nouveau personnage charismatique dans ses prochaines aventures (on a hâte de voir un clash avec Tony Stark !). A ce propos, les scènes post-génériques promettent une suite palpitante des événements, ainsi qu'un nouveau volet d'un membre des Avengers, ce qui n'est pas pour déplaire.
Malgré une honnête tentative de nous faire découvrir un nouveau versant de l'univers Marvel (après les super-héros, les dieux mythologiques et les mercenaires extra-terrestres, voici les sorciers), le film n'est réellement prenant que dans ses premières minutes. En effet, seul le passé de Stephen Strange avant son entrée chez les magiciens a le mérite de proposer quelque chose de rafraîchissant, aidé en cela par un respect total du matériau de base et un élément perturbateur assez dramatique et réaliste. Malheureusement, une fois le médecin intégré chez les moines-guerriers-invocateurs-jedi-télékinésistes-et-j'en-passe, tout s'enchaîne en quatrième vitesse. Bene, au départ sceptique, apprend à maîtriser les arcanes en 2 minutes comme s'il avait fait cela toute sa vie (on justifiera cela par son impressionnant niveau de médecine qui lui confère une longueur d'avance sur ses congénères, alors que soi-disant il se devait de "désapprendre tout ce qu'il avait appris"...), fait mumuse avec le temps et bien sûr prend la tête de la confrérie avant même d'avoir dit ouf.
Tout ça pour quoi donc ? Je vous le donne en mille: sauver le monde. Quel renouveau. Quelle originalité. OK la façon de s'y prendre est un peu différente, mais question enjeux Marvel n'a décidément pas beaucoup d'idées dans son sac... Ce qui est fort dommage parce que de bonnes idées, ce film ne manquait pas. La projection astrale, par exemple, aurait pu être poussée très loin. Les irruptions de Strange dans le quotidien de son ancienne collègue et love interest ainsi que la scène de la cape promettent quelques secondes d'humour efficace. Le pouvoir de modifier le décor à volonté façon Inception aurait volontiers impressionné si, justement, Inception n'avait pas exploité cela plus efficacement (c'est à dire sans ressentir le besoin de flanquer une crise d'épilepsie). Pour finir, l'autre dimension, à mi-chemin entre une mauvaise copie de 2001, l'Odyssée de l'espace et un bad trip coloré aux champignons hallucinogènes, aurait peut-être fait mouche si le montage avait été encore une fois moins effréné et la 3D mieux mise en valeur, ce qui n'est pas le cas.
En fin de compte, Doctor Strange, c'est: beaucoup d'esbroufe visuelle et quelques bonnes idées pour un résultat hélas trop générique. Une nouvelle pierre
d'infinité
à l'imposant édifice MCU, ni plus ni moins.