2021, on nous annonce la sortie du film de Denis Villeneuve, Dune ! d'après le roman de Frank Herbert. Un instant s'impose pour revenir sur le film de David Lynch en 1984. Une genèse complexe, puisque d'autres réalisateurs s'y sont frotté sans succès, notamment Alejandro Jodorowsky, dans un projet pharaonique que seul un producteur tel que Dino de Laurentiis pouvait mettre en chantier.
Même Georges Lucas s'est inspiré du roman, on notera quelques ressemblances avec Star Wars: le désert d'Arrakis aux deux lunes ressemble à celui de Tatooine et ses deux soleils, les Fremens utilisent la Voix tout comme les Jedis se servent de la Force, l'Empire est aussi cruel et implacable que l'armée des Harkonnen, la planète Caladan berceau des Atréides ressemble à Kamino et ses vastes océans... Lucas n'avait rien inventé, même les Vers géants de Dune avec leur bouches remplis de dents évoquent le Sarlacc dans le Retour du Jedi...
Dune... Le film s'ouvre sur un plan spatial où l'on aperçoit le visage de la princesse Irulan (Virginia Madsen) apparaitre et disparaitre tout en nous contant avec une voix suave, la trame du récit. En quelques phrases tout est dit, l’Epice tant convoitée dans cet univers, et qui permet d'avoir la faculté de prescience et de voyager dans l'espace, ne se trouve que sur une seule planète, Arrakis, connue sous le nom de... Dune ! Puis Le film nous transporte littéralement, avec cette musique prenante dans ses tons graves. On découvre l'histoire à travers les yeux d'un jeune premier, Paul Atreides (Kyle MacLahlan que l'on retrouvera dans Twin Peaks), Muad'Dib, le Kwisatz Haderach. Sa prestation est touchante de candeur et d'authenticité, notamment dans la scène de la "boite" où il est mis à l'épreuve par une sœur Bene Gesserit, ou encore dans son combat à l'arme blanche et au bouclier face à Gurney Halleck (Patrick Stewart, pas encore capitaine d'un célèbre vaisseau) ou face à un robot combattant sous la supervision d'un Mentat.
Le budget du film est dantesque, le design retro-futuriste façon Steampunk est du plus bel effet, les costumes d'officiers nous rappellent ceux de la première guerre avec toutes les décorations qui vont bien. Les effets spéciaux ont vraiment vieilli, mais si l'on compare au Retour du Jedi sorti un an auparavant, ce n'était pas si mal pour l'époque. Certains décors, des peintures sur verre, ou même les Vers en 'practical effects' sont convainquants. J'ai un faible pour la scène de la seringue autoguidée, destinée à assassiner Paul dans sa chambre, entendre les pensées des personnages comme des murmures était aussi une excellente idée narrative. David Lynch y ajoute sa patte mystérieuse et psychédélique, notamment dans les visions de Paul, où il aperçoit Chani (Sean Young), la Fremen aux yeux bleus luminescents, une accro à l'Epice. Cerise sur le gâteau, Sting du groupe Police, est parfait en prince Harkonnen au tempérament fougueux, et ajoute une touche Rock'n Roll à l'ensemble...
Même si légèrement dépassé par le projet, Lynch s'en sort plutôt bien, en retenant des thèmes qui lui sont chers, cette douce rêverie qui émane de l'Epice. Il reniera son film, le considérant comme une commande dont il n'a pas eu le contrôle, sa véritable patte s'exprimant dans Twin Peaks ou encore Lost Highway. L’œuvre avait été au départ considérée inadaptable, le film "Jodorowsky's Dune" le raconte intelligemment. Un film qui m'avait vraiment transporté et impressionné et dont j'ai hâte de voir la version 2021 !