Yvonne,jolie fliquette de la région marseillaise,est veuve et vit dans le culte,ne pas oublier le te,de Jean,son défunt mari,qui était un héros de la police locale.Mais la fille pète les plombs quand elle découvre que son mec était en réalité totalement corrompu et qu'il a sciemment envoyé en taule Antoine,un brave ouvrier joaillier parfaitement innocent.Justement,ce dernier est libéré après plusieurs années de détention.Désireuse de réparer l'injustice qui lui a été faite,Yvonne le suit partout mais le mec,révolté et traumatisé par ce qu'il a vécu,est devenu complètement cinglé et se met à commettre des vols et des agressions en série,que la policière improvisée ange gardien couvre systématiquement.Pierre Salvadori accumule les navets.Il a écrit celui-ci avec Benoît Graffin,un de ses habituels coscénaristes,avec qui il collabore pour la quatrième fois.Il a même filé à Graffin,cinéaste raté,le poste de réalisateur de deuxième équipe.On retrouve ici les thématiques chères à Salvadori avec des personnages marginaux aux amours compliquées et qui vivent d'expédients,en général illégaux,afin de lutter contre les injustices sociales dont ils sont victimes.Le film démarre de manière très pêchue mais s'essouffle tout aussi vite pour sombrer dans une litanie de dialogues ineptes entrecoupés de scènes d'action invertébrées,l'ensemble étant sous-tendu de morale putride.Car nous baignons ici dans le catéchisme gauchiste glaireux que Lavilliers avait anticipé il y a très longtemps dans une chanson:"je serai rééduqué par des curés new look,armés de pataugas,de parkas et de boucs".Première leçon:la prison c'est nul et ça ne sert à rien,au contraire.La preuve par ce pauvre Antoine,embastillé en tant qu'agneau et sortant sous la forme d'un fauve déchaîné.Bon,les policiers ripoux et les erreurs judiciaires,ça existe,évidemment.Est-ce une raison pour remettre en cause le système,et pour le remplacer par quoi,vu qu'on n'a encore rien trouvé de mieux pour canaliser les dérives humaines?Les auteurs pensent visiblement qu'il faudrait supprimer tout ça,sans comprendre apparemment que ça entraînerait automatiquement un retour de l'auto-justice,chose qui pourtant les révulse.Seconde leçon:une victime d'injustice a le droit de se venger,et une maxime très profonde vient à l'appui de ce raisonnement:"mieux vaut être un salaud qu'une victime".Ouah,ça c'est du gauchisme sociétal,coco!Du coup,notre ex-taulard agresse des tas de gens étrangers à ce qui lui est arrivé et met impunément la ville à feu et à sang.A la limite,on peut comprendre que le gars soit perturbé et déséquilibré,mais qui l'encourage et le protège?Cette chère Yvonne,officier de police de son état.Alors elle,c'est une idiote certifiée,de la connasse grand format.En fait,c'est une figure christique,la doxa de gauche n'y échappant jamais en dépit de sa détestation déclarée du christianisme.Yvonne n'est pour rien dans ce qui est arrivé à Antoine,elle ignorait tout des activités de son époux,et on ne voit pas du tout pourquoi elle s'estime redevable de quoi que ce soit au condamné,seule la connerie pure pouvant expliquer son comportement.Et elle y va franco,la débile,maltraitant les victimes du fou furieux,le faisant libérer quand par hasard il est arrêté,flirtant avec lui,devenant sa complice et finalement payant à sa place en se faisant arrêter,sabotant ainsi sa vie et sa carrière au mépris de ses plus élémentaires responsabilités vu qu'elle est en charge d'un enfant en bas âge.C'est sans doute un des personnages les plus haïssables de l'histoire du cinéma,mais c'est aussi celui qui correspond le mieux à la morale gaucho-progressiste,tout comme Antoine peut être vu comme le héros salvadorien ultime,l'aboutissement d'une longue lignée de marginaux rejetés par la société.Le film est également symptomatique de la vision que ces gens ont de la police.D'un côté il y a les vrais,les durs,les tatoués,ceux qui jouent du flingue et courent partout.Ceux-là sont des ripoux irrécupérables,ce sont les mauvais flics.Et il y a les gentils flics comme Yvonne ou Louis,son amoureux transi,ceux qui sont mous comme des chiques et se prennent pour des assistantes sociales.Pour le reste,"En liberté!" navigue de manière molle et erratique,genre téléfilm bas de gamme,entre des tentatives d'humour burlesque sinistres et répétitives et les agissements insanes de protagonistes lobotomisés en tête desquels se positionne Yvonne,dont le jeu amoureux qu'elle entretient avec Louis et Antoine est tout sauf clair.Au fond de ce sanibroyeur,les comédiens tentent de surnager avec des fortunes diverses.Adèle Haenel est très belle mais joue horriblement faux,alors qu'Audrey Tautou,bombardée semble-t-il actrice fétiche de Salvadori depuis que Marie Trintignant est indisponible pour les raisons que l'on sait,est des plus inexistantes.Les hommes s'en sortent mieux,à l'instar d'un Pio Marmaï qui parvient à rendre parfois supportable l'abruti chronique qu'il incarne,ou Damien Bonnard,qui gère avec subtilité les atermoiements d'un naïf manipulé.Vincent Elbaz voit son beau charisme gâché par les clowneries qu'on lui fait accomplir.Petite curiosité,la minuscule apparition parmi les clients de la bijouterie lors du casse de Mayel Elhajaoui,un des acteurs vedettes du soap de TF1 "Demain nous appartient".C'est plutôt un bon comédien mais il a le chic pour se retrouver dans des daubes.Mais a-t-il vraiment le choix?