Escape Game incarne, en un sens, tout ce qui ne va pas avec les petites productions du cinéma d'horreur : paresseuses, elles se contentent de baser leur intrigue minable sur une prétendue bonne idée, souvent la réactualisation du pitch d'un grand film. C'est Cube que reprend ici Escape Game, et s'il le fait sur le principe de cette nouvelle mode de jeux à énigmes, il n'apporte forcément rien au genre et reste, du début jusqu'à la fin, dans un genre de réadaptation avec les codes et clichés actuels, qu'il ponce jusqu'à se changer en liste de ce qu'il ne faut pas faire pour réaliser un métrage horrifique un minimum original.
Son pitch balancé à la truelle, il nous présentera vaguement des personnages à la fonctionnalité bien précise, qui devront caner sans surprise avec un scénario prévisible et forcément en lien avec les erreurs de leur passé, pour une révélation finale attendue depuis le départ, et qu'on connaît aussi bien que toutes les autres que le genre nous aura, des décennies durant, proposées avec plus ou moins de talent.
Si l'on n'est pas dans un film qui tentera d'inventer, il laisse en suspens une volonté évidente de surprendre son spectateur; se faisant avec les pires poncifs d'un sous-genre en pleine dérive, il n'y parvient évidemment jamais et mène la barque avec la ferme idée que des clichés éculés peuvent encore renverser les certitudes d'un spectateur. Qu'il est amusant de le laisser faire et de s'enfoncer toujours plus profondément dans les pires réactions possibles qu'on critique depuis plus de quinze ans.
Les personnages sont idiots et réagissent comme tel; de fait, ils servent de facilités scénaristiques à l'intrigue, qui va jusqu'à créer de faux enjeux pour instaurer un peu plus de tension au sein d'une histoire cousue de fil blanc. Le fameux Game Master, qu'on nous disait dans l'équipe, maintient une tension artificielle jusqu'à ce renversement final en sortie de jeu, où l'on se rendra compte de qui était le véritable dirigeant, un inconnu sans grande personnalité au charisme d'huitre, bien piètre acteur perdu dans le rôle du grand méchant stéréotypé.
Face à lui, une héroïne au syndrome post-traumatique qu'ils auront la décence de tuer au bout de quarante minutes (merci, Psychose), le beau gosse qui joue les méchants sans coeur, le fumeur à tendance héroïnomane qui devra suivre un parcours initiatique pour comprendre qu'on vit mieux avec un look de banquier et sans fumer. Un joli monde accompagné de la geek insupportable changée, le temps d'une scène sans aucun sens, en Rambo de basse-cour, le flingue de deux fois la longueur de sa main.
Amateurs de surjeu, ils font n'importe quoi en guise d'émotionnel pendant à peine plus d'une heure trente, se donnent à fond jusqu'à la venue de leur mort, avec la présence surprenante de Déborah Ann Woll de Daredevil, passée du rôle d'avocate à marine sans que la crédibilité ne soit jamais intervenue. Heureusement bien menés par une mise en scène efficace (bien que sans aucune personnalité), ils se débattent dans un divertissement laissant peu de place aux dialogues, grand bien lui fasse.
Il faudra voir la pauvreté de l'écriture pour comprendre à quel point c'est d'une bêtise affligeante, en témoignent les multiples incohérences présentes tout du long, ce début de film répercuté sur la fin avec une explication à la va-vite et sans aucun sens, le tout pour conduire le spectateur jusqu'à cette annonce de suite grotesque, nanardesque et ridicule, où l'on comprend que les grands "méchants", surement voyants, avaient prévu la survie des héros suffisamment tôt pour construire une simulation d'Escape Game dans un avion.
Tant de questions de logique qui restent en suspens, ou de comportements de personnages qu'on comprend difficilement encore après le visionnage. Film banal que cet Escape Game, il aura au moins le mérite de divertir (à défaut d'innover), se plaçant comme un petit film du dimanche sur NRJ 12, sans autre intérêt que celui de passer son temps à oublier qu'on le perd. Une oeuvre inoffensive.