- Un jeune réalisateur ambitieux nommé Sam Raimi réussit avec du stop-motion, quelques décors et une bande de potes à faire un court-métrage horrifique qui servira de base à son futur film. Intitulé Within the Woods, le court-métrage présente une bande d'amis venus passer un bon moment dans une maison perdue au fond des bois et où l'un d'eux, possédé par un démon, va se mettre à essayer de tous les zigouiller. Deux ans plus tard, et après avoir obtenu un petit financement, Sam Raimi parvient enfin à mettre en scène l'adaptation de son court-métrage au long format. Il le nomme Evil Dead et ne se doute nullement que son film entrera dans l'histoire.
Doté d'un mini-budget de 15,000$, le jeune homme va user d'un savoir-faire hors du commun pour filmer de manière inédite des plans dingues, presque cartoonesques, avec les moyens du bord. Pur partisan du Système D, Raimi use et abuse d'effets certes aujourd'hui quelque peu risibles mais dont l'efficacité transpire l'artisanat, preuve de l'amour que porte le cinéaste à Buster Keaton et Charlie Chaplin. Le scénario reste à la fois basique dans le fond (des meurtres en huis-clos) et original dans la forme, la fameuse scène du viol en étant un exemple parfait, du jamais vu inventif et terriblement efficient.
Car ce qui n'aurait pu être qu'un simple film d'horreur éclipsé par les lucratifs slashers de l'époque (Halloween 2, Vendredi 13) demeure encore aujourd'hui une leçon de cinéma, prouvant qu'avec des idées folles et de l'huile de coude, on pouvait réussir à proposer quelque chose de visuellement inédit et surtout un spectacle incroyablement jouissif. N'omettant jamais d'effrayer son spectateur tout en le gratifiant de séquences caustiques et de références multiples (en particulier Lovecraft), Evil Dead reste l'un des films d'horreur les plus originaux jamais sortis conservant à juste titre son statut de film culte.