Y a bon Fatima
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Ce film est l'adaptation d'un recueil de poèmes "Prière à la lune" de Fatima Elayoubi. Il a été présenté à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2015. Il y a une part autobiographique dans le portrait de cette femme, élevant seule ces deux enfants dans un pays différent de sa propre culture. Philippe Faucon va en faire un récit tendre et simple.
Fatima (Soria Zeroual) est une femme célibataire, élevant seule ses deux filles Nesrine (Zita Hanrot), entrant en première année de médecine, et Souad (Kenza Noah Aïche) une adolescente en révolte (pléonasme). Elle travaille comme femme de ménage dans différents endroits, pour permettre à ses filles de continuer leurs études. Elle souffre de la barrière de la langue au quotidien, se sentant excluse, mais va faire en sorte de remédier à cela.
Fatima est un film simple, comme son héroïne. Elle parle dans sa langue maternelle à ses filles, qui lui répondent aussi dans leurs langues maternelles, sauf qu'elles ne sont pas nées dans le même pays. Elles se comprennent, mais en dehors de l'appartement familial, le fait de ne pas parler le français est une frustration pour Fatima. Pour que ses filles ne connaissent pas la même vie, elle les pousse à réussir dans leurs études, cela marche pour l'une, mais pas pour l'autre. La barrière de la langue, le conflit générationnel, l'absence de la figure paternel et les différences culturelles, cela fait beaucoup d'obstacles à surmonter pour cette femme. Mais derrière la douceur de sa voix, de son sourire, il y a aussi une grande force de caractère.
Fatima porte le voile, dans un pays en "guerre" contre ce signe de soumission de la femme envers l'homme, de cet islamisme, qui met nos villes à feux et à sang, tout en dévorant nos chatons tout mignons.....Pardon, je dérape, c'est la faute à Alain Finkielkraut, Caroline Fourest, Eric Zemmour, Elisabeth Levy, etc.... Vous noterez ce respect pour la parité, avec deux sales cons et deux sales connes, mais je m'égare, surement à cause du clip anti-djihad diffusé avant le film, au cas ou on aurait des envies de Syrie durant la séance.....
Seulement voilà, le voile de Fatima lui ferme des portes, tout comme à sa fille. Ce racisme sournois qui ne dit pas son nom, mais se voit à travers un regard furtif où une conversation qui se termine brutalement. C'est difficile de rester de marbre face à cette violence sourde. Fatima est victime de l'ignorance et d'une France qui a peur, alors qu'elle est d'une grande gentillesse. Mais comment expliquer l'incompréhensible, comment....
Il émane de Fatima, une immense tendresse. Ses employeurs font preuve de condescendance à son encontre, en la sous-estimant. Ce n'est pas une femme stupide, loin de là, mais comme elle ne parle pas correctement le français, ils la considèrent "inférieure". C'est la fameuse supériorité de l'homme blanc, cet être merveilleux qui vous apportera la lumière, si vous croquez dans l'hostie. De par son attitude, il pousse au replis sur soi, à l'exclusion et après va faire sa victime "ils ne veulent pas s'intégrer, blablablablabla". Déjà, c'est quoi ce mot "s'intégrer" ? Mais je m'égare encore en laissant mes émotions prendre le dessus sur moi, my bad.
Philippe Faucon montre avec simplicité, des moments, sans juger, ni même prendre parti. Mais pas tout à fait, on est forcément en empathie avec Fatima et le contraire serait incompréhensible. En tant que spectateur, on apprend à la connaitre, en découvrant son quotidien et ses difficultés. On est sous le charme de cette femme, on est même gêné quand elle n'a pas son voile. Du moins au début, car doucement on a l'impression de faire parti de sa vie, d'avoir envie de la soutenir et de mettre des claques à Souad. Pardonnez moi, mais il est assez difficile de ne pas être irrité par cette adolescente, ne respectant rien et surtout pas sa mère, qui se saigne pour elle(s).
Cette femme est magnifique dans son sacrifice pour offrir le meilleur à ses filles. C'est à travers leurs réussites, qu'elle trouve son bonheur. Le dernier plan symbolise l'amour de cette mère, avec un sourire rempli de fierté.
Un film profondément humain, qui fait du bien. Aussi simple dans sa réalisation épurée; avec une quasi-absence de musique; que dans son récit. Soria Zeroual illumine l'écran de sa douceur, de sa voix et de son sourire. C'est une belle oeuvre, malgré de nombreux défauts, mais le voyage vaut la peine d'être vécu.
Créée
le 8 oct. 2015
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