Le combat ordinaire

Pour être parfaitement honnête : j'en attendais un peu plus du César du meilleur film 2016.

D'autant plus que face à Fatima, on retrouvait quand même les excellents Dheepan, Marguerite, La Tête haute ou encore Trois souvenirs de ma jeunesse - tous méritaient la suprême récompense. Le film de Philippe Faucon n'a certes pas les mêmes ambitions que les oeuvres que je viens de citer, mais alors il aurait fallu ne pas le juger sur le même pied d'égalité.

Fatima ressort davantage du film social documentaire : on est pris in medias res dans la vie quotidienne très réaliste de Fatima, mère courage, femme de ménage algérienne qui chapeaute ses deux filles du mieux qu'elle peut : Nesrine, l'aînée qui poursuit des études de médecine, Souad, la cadette rebelle et plutôt oisive. Aucune recherche de mise en scène, leur existence est dépeinte sans fard ni fioritures, les dialogues ne sont ni drôles ni dramatiques : c'est juste la vie comme elle va dans une famille monoparentale issue de l'immigration, avec son lot de difficultés propres (l'appartement à louer ne l'est soudain plus à la vue du hijab maternel, barrière de la langue...) et ses combats pour gagner en reconnaissance sociale.

J'ai aimé les passages où Fatima lit ses écrits intimes, qui nous livrent une part intéressante de sa personnalité, de sa sensibilité, comme si soudain, elle ôtait son voile pour mettre son âme à nu. Touchante aussi cette dernière scène, devant les tableaux d'affichage des examens, le sourire pudique de cette mère si fière de sa fille...

Retenue et sobriété : deux termes qui résument très bien ce film simple qui dit avec justesse une certaine réalité sociale de notre époque, sans pour autant afficher de revendication politique.