Manquant de saborder une captivante atmosphère au gré de divers écueils de fond, Harry Potter et les Reliques de la Mort s'était néanmoins avéré être une superbe entrée en matière, ce premier acte aussi fidèle qu'impressionnant laissant entrevoir un final dantesque.
La phase de deuil rapidement expédiée (pour ma part tout du moins, la donne devait être différente pour l'éclair sur pattes), on ne tarde pas à se replonger dans ce que l'on espère être une seconde partie à la hauteur, si ce n'est plus, vis-à-vis de sa sympathique moitié ; dans cette optique, le casse de Gringotts fait office d'oiseau de bon augure, cette séquence dantesque à base d'un sacré piaf reptilien (répondant au nom de pansedefer ukrainien) donnant le ton avec la manière.
Dès lors, et sans revenir sur les qualités formelles des plus évidentes arborées par ce dernier long-métrage (sans surprise dans la même veine que son prédécesseur), les événements vont prendre une tournure davantage limitée : entendons par cela que, la quête désespérée des horcruxes apparaissant comme finalement réalisable (dans sa totalité), le récit va monter en cadence mais sans empressement (celui-ci ne faisant que suivre la trame du bouquin après tout), tout en s'accompagnant d'un environnement relativement unique.
Eh oui, exit la fuite éperdue et le camping sauvage en forêt, et place à Poudlard et son cadre familier en guise de point d'ancrage d'un décor tourmenté, un tumultueux combat se précisant peu à peu ; là encore rien de bien rédhibitoire, le film résolument fidèle prenant notamment le temps d'introduire le personnage d'Abelforth, bien qu'assujetti aux boulets récurrents que se coltine la saga (ciné), et l'on retrouve avec grand plaisir un château jusqu'alors orphelin de ses héros.
À partir de là, la réussite complète de cette seconde partie tenait en un affrontement étourdissant comme bien mené, tout en s'arquant avec efficience à l'avancement du destin de l'Élu... au même titre que son ténébreux alter ego ; et puis que dire de la place accordée à Rogue, l'illustre professeur attendant avec une classe chronique un tomber de rideau fort redouté.
Si l'on pouvait craindre que le film écorche justement CE ressort scénaristique tout particulièrement, il n'en est finalement rien, le devenir funeste d'une figure ô combien ambiguë comme surprenante trouvant finalement un dénouement "heureux" : sur ce point donc, le long-métrage s'en tire avec les honneurs en rendant bien compte de l'épaisseur intrinsèque d'un personnage ayant soufflé le chaud et le froid de bout en bout.
Certes, son impact n'aura jamais été aussi fort que dans la version littéraire, la faute à une implication en berne diluée au sein du grand casse-tête qu'est l'adaptation, mais le regretté Alan Rickman lui aura assurément donné vie avec brio ; l'émotion perce donc enfin là on l'on rongeait jusqu'à présent notre frein (Dumbledore, Dobby), de quoi s'apparenter à un bienvenu phare dans une grisaille montante... car le reste n'est pas aussi convaincant.
Tout d'abord, rien de bien transcendant en ce qui concerne la fameuse bataille, qui sous l'égide d'une bordel ambiant allant croissant ne parvient pas à conjuguer tension aux petits oignons et tonalité spectaculaire ; dans une même veine, que dire de cette transposition en soit trop scrupuleuse quant aux trépas de figures majeures ? Là où le bouquin survolait les faits en les réduisant à un simple constat après-coup, pourquoi ne pas avoir mis à profit la liberté de manœuvre introduite par l'adaptation en deux parties en sublimant cette malencontreuse part d'ombre ?
Le film y aurait énormément gagné, plutôt que de fomenter sagement de pâles duels sans inspiration (tel que Molly VS Bellatrix, toutefois c'est un plaisir que de voir la géniale Maggie Smith se retrousser les manches), d'autant que la chute de Voldemort manque alors clairement de mordant (les faire voler, lui et son Némésis balafré, auparavant en tous sens fait l'effet d'un involontaire cache-misère, de quoi occulter une empreinte visuelle somme toute recherchée) ; et puis enfin, en guise de petit chipotage personnel, pourquoi ne pas avoir pris le temps (minime) de faire réparer sa baguette à Harry ? Ce détail revêt son importance tout de même, fort d'une symbolique savoureuse accentuant la victoire morale de son fameux (anti-)héros.
Dans la droite lignée d'une première partie le supplantant en termes d'atmosphère, ce dernier acte conclut malgré tout avec efficience une longue fresque cinématographique, dont le pan magique et son univers riche à souhait n'auront eu de cesse de nous transporter avec un plaisir certain, exception faite de certaine anicroches notoires (La Coupe de Feu surtout) ; Yates aura en tous cas bouclé la saga (pour ce qui est des aventures d'Harry Potter tout du moins) sur une (relative) bonne note, de quoi me faire dire qu'il s'agissait là d'une adaptation réussie.