Prenons comme un fait acquis que le film est admirablement joué par Joaquin Phoenix et (par la douce voix de) Scarlett Johansson. Je limiterai mon propos au scénario. Le pitch est d’une simplicité confondante : un jeune homme hypersensible, durablement secoué par un divorce, acquiert la dernière version d’un système d’exploitation doté d’une conscience artificielle.
Si vous acceptez ce postulat de départ, vous assisterez à une romance très classique : la naissance de l’amitié, la découverte de l’autre, les rires et les larmes, le jeu de l’amour et du plaisir, de l’amour et de la jalousie, les disputes et les réconciliations. Les rédacteurs graphomanes de SC auront noté avec satisfaction que notre héros exerce la profession d’écrivain public, un emploi qui, dans un futur où l’art de l’écriture n’est plus enseigné, offre un niveau de vie très confortable. Sur une trame aussi fine, Spike Jonze peine à conserver l’attention d’un public attiré par la promesse de science-fiction. Nous assistons à un habile exercice de style sur le thème éculé : “un homme et sa compagne, développez“.
Les vingt dernières minutes prennent une nouvelle dimension. Samantha voit son intelligence croître à un rythme exponentiel. Le Dr Manhattan des Watchmen a déjà vécu cette épreuve, omniscient et immortel, il prit du recul, puis abandonna une humanité désormais trop étriquée, trop limitée… Adieu belle amie.
Revu en 2017.