Hook fait partie de ces films qui ont accompagné mon enfance, avec sa VHS. J'ai toujours un peu les chocottes de les revoir maintenant, de peur d'être déçu. Parce qu'il ne faut pas se mentir les amis, beaucoup de choses qu'on a apprécié enfants parce l’ont été parce qu'on n'avait pas le recul de maintenant. Notre sens critique (marque déposée) était une page blanche. Mais certains films résistent bien. Et d’autres jouent sur ma nostalgie pour garder leur intérêt, comme La Souris. Heureusement Hook satisfait mes souvenirs d’enfants mais aussi mon regard adulte.
Certes, c’est est une belle production, bien maîtrisée, réalisée par le grand Steven Spielberg et avec un casting 5 étoiles à l’échelle des années 1990. Robin Williams est un Peter Pan devenu adulte, ennuyeux, qui ne pense qu'à son travail et pas assez à ses enfants. Dustin Hoffman, méconnaissable, sublime le rôle du Capitaine Crochet, qui prend sa revanche en kidnappant les enfants de Peter pour tenter de les manipuler. Julia Roberts est si craquante en fée clochette, et tant d’autres bons acteurs donnent le meilleur d’eux mêmes tels que Bob Hoskins, Gwyneth Paltrow ou Maggie Smith.
Vous l'aurez compris, ce film veut présenter la suite de Peter Pan, ou une suite possible, mais où celui-ci serait parti du pays imaginaire et se serait perdu dans une vie d'adulte qui ne peut pas lui convenir. Où Peter Pan se serait trahi, ce que d’autres personnages ne vont pas manquer de lui rappeler.
Hook est un film, où certaines thématiques parleront avant tout à un adulte, sur l’importance de la famille ou la question de l’identité et du sens qu’on lui accorde. Mais il est aussi tourné d'une façon qui puisse satisfaire les enfants, comme cette galerie de personnages juvéniles qui expriment la déception ressentie à cause des mensonges des grands. Peut-être que c'est ça le succès d'un film familial, comporter plusieurs angles de lecture, même s’il faut accepter que certains nous parlent moins que d’autres.
S'il est parfois touchant, peut-être magique, j'ai aussi l'impression qu'il en fait parfois trop dans les bons sentiments et Robin Williams n'y est pas étranger. J'ai bien du mal à dire du mal de lui, et un grand enfant tel que lui devait faire un Peter Pan génial. Mais il peine à exister en tant qu'adulte égoïste, et endosse mal la stature de Peter Pan une fois « réveillé ». Il faut dire, qu'en face, Dustin Hoffman propose un Capitaine crochet qui crève l'écran. Ce n'est probablement pas un hasard si c'est lui à l'honneur dans le titre du film.
Je craignais endurer bien pire, d’autant plus que certaines critiques lues avant étaient dures, ce n'est pas le Spielberg le plus unanimement reconnu. Mais, malgré mes réserves, c'est un film dont on peut retirer beaucoup de bons points, qui possède son charme et qui peut être vu par tous. C’est une belle et imaginative aventure, mais qui ne manque pas aussi de sens. Peter Pan vu par le maître des films familiaux, cela reste un petit bonheur.