Chacune des balades du duo Délépine-Kervern aura su me toucher. La mélancolie acide et poétique de Mammuth et son immense Depardieu, la douce fantaisie punk du Grand Soir au généreux et touchant Saint Amour (pour ne citer qu'eux) chacun de leur film aura su gagner une place de choix dans mon cœur de cinéphile.
En embauchant Dujardin , l'attente n'était que plus grande. Et si je suis quelque peu déçu, il n'en est cependant rien du génial talent des deux réalisateurs qui continuent de nous dépeindre leur univers si doux et décalé. Le film déborde de générosité, et si leur précédent film n'en avait qu'un peu trop à revendre (surtout la fin en fait), la dose est ici plus grossière, nous offrant trop de passages anecdotiques qui ne font qu'alourdir le récit.
Car ce récit, il est simple, et toujours aussi joliment filmé ; il se voit comme une ode aux petites gens, à la tendresse, à la générosité et aux bonheurs simples. Doté de leur talent de mise en image, le film est un bel objet, à la photo éclatante et géniale d'inventivité. Le duo, avec trois clous et quelques ficelles, dresse des plans travaillés, poétiques, épousant parfaitement ce petit bout de paradis qu'est l'EMMAUS, ici formidablement filmé.
En ne dosant plus sa générosité, le film s'égare, s'allonge, s'étiole, et s'affaiblit. N'ayez pas peur, il a un si joli sourire, une si jolie lumière, que même dans son peignoir de Thalasso perdu au bord d'une autoroute, on aurait envie de le serrer dans nos bras.
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