Adapter le roman Ça de Stephen King au petit écran n’a pas dû être une tâche facile. Cette brique littéraire de plus de 1120 pages a été longtemps considérée comme l’œuvre la plus longue et la plus complexe de toute la bibliographie de King. Quatre ans après sa sortie dans les étagères, Ça se transforme en plus de 180 minutes d’écoute intensive sous la forme d’une mini-série. Le transfert entre les deux n’est pas sans perte.
1990 : Les enfants recommencent à disparaître mystérieusement dans la petite ville de Derry dans l’État du Maine. Mike Hanlon, un bibliothécaire, trouve une vieille photo d’un enfant sur l’un des lieux du crime. Il comprend très vite que « Ça » est revenu. L’homme recontacte ses six amis d’enfance pour leur prévenir du retour de « Ça ». Ces derniers se remémorent chacun leur tour ses souvenirs de jeunesse. Le temps où ils se sont rencontrés pour la première fois. Le temps où ils ont également rencontré le monstre qui se cache sous Derry. Le monstre qui emprunte l’apparence d’un clown et qui prend un malin plaisir en faisant peur à ses victimes pour ensuite les attirer dans les égouts avant de les tuer. Les sept amis doivent maintenant respecter une promesse dont ils ont énoncé 30 ans plus tôt, celui de revenir à Derry pour tuer une fois pour toutes « Ça ».
Le problème avec Ça, c’est que Tommy Lee Wallace n’a pas utilisé la bonne approche pour raconter le roman de King par le biais d’une mini-série. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce ne sont pas tous les œuvres littéraires qui sont adaptables au cinéma ou à la télévision. L’histoire de Ça est une œuvre extrêmement complexe, allant d’un personnage à l’autre et alternant continuellement du présent au passé. Les scénaristes ont dû vouloir rester fidèles au produit original, mais au lieu de modifier la manière de raconter l’histoire, ils ont tout simplement laissé de côté l’âme du récit. L’œuvre devient beaucoup moins violente, effrayante et profonde par rapport au livre. Finalement, la mini-série Ça semble davantage destiné aux enfants que ne l’aurait dû être. Un bien mauvais pas pour celui qui nous a offert le sous-estimé Halloween III : Le Sang du sorcier.
L’histoire se divise en deux parties distinctes. La première moitié se concentre sur le passé des 7 protagonistes. Cet univers est particulièrement bien réussi, soutenu par l’excellente interprétation des jeunes comédiens. Même si la violence crue présente dans le roman est trop diluée dans la mini-série, l’intimidation et les premières grandes peurs donnent malgré tout l’effet désiré chez le spectateur qui n’a pas d’autres choix de ce sentir aborder par ces thèmes difficiles de la vie. Il est triste que le reste du film ne suive pas cette tendance. La seconde partie du film traite du combat final que nos héros devront faire 30 ans plus tard contre « Ça », alors qu’ils sont maintenant adultes. On suit avec intérêt l’évolution des personnages qu’on a maintenant appris à connaitre. Bien que l’approche soit malhabile par des personnages caricaturés et une musique trop présente et pas assez sombre, l’histoire de Ça reste tout de même divertissante jusqu’à la fin.
L’un des principaux défauts de Ça reste sa mise en scène. Avec 14 acteurs principaux à diriger, la moitié étant de jeunes adolescents, Tommy Lee Wallace en a plein les bras. Malgré la présence d’une brochette d’acteurs tout aussi talentueux les uns que les autres, l’interprétation de certains d’entre eux laisse quelque peu à désirer. En fait, on a souvent l’impression de regarder un mauvais téléroman comme ceux qui passent l’après-midi à TVA. La qualité du jeu des acteurs varie beaucoup d’une scène à l’autre. Le pire d’entre eux est sans doute Richard Thomas qui personnifie Bill à l’âge adulte. Son jeu autant que son physique sont complètement à chier. Pour contrebalancer, nous pouvons admirer les débuts de certains acteurs connus comme Emily Perkins (Trilogie Entre soeurs) et Seth Green (la série Buffy contre les vampires). Le méchant clown Pennywise est interprété par l’excellent Tim Curry (Clue, The Rocky Horror picture show) qu’on ne voit jamais assez. Ce dernier est parfait pour le rôle. Il fait autant rire qu’il inquiète le spectateur grâce à son charisme unique.
Beaucoup de personnes qualifient la mini-série Ça comme étant un classique de leur enfance. Le méchant clown Pennywise les a traumatisé quand ceux-ci étaient jeunes. Pour ma part, je n’ai jamais vu cette série dans ma jeunesse. Ce n’est que jeune adulte que j’ai découvert Ça. Aujourd’hui, j’envie ces gens qui éprouvent de la terreur pour cette mini-série, puisque je n’en ferais malheureusement jamais partie.