L'affiche affirme que It Comes At Night est "Un chef-d'oeuvre de l'horreur". En sortant de la salle, je peux affirmer que cela n'est pas un chef d'oeuvre et encore moins un film d'horreur. Bien évidemment, je ne m'étais pas fier à l'affiche pour me rendre dans la salle, ni même visionner la bande-annonce pour être prêt à recevoir le film sans à priori. Malgré tout, il y avait une certaine attente dans le domaine de l'angoisse qui ne sera malheureusement pas satisfaite.


It Comes At Night. On s'était tout de même fait sa propre interprétation du titre, en se disant que c'était des créatures venant la nuit, tentant de s'introduire dans cette maison isolée dans la forêt. C'est avec cette idée en tête, que l'on se rend dans la salle, en étant sure de soi. C'est assez ingénieux, dans le sens ou cela remet en cause nos idées reçues et notre vision du cinéma d'horreur. Malheureusement, l'oeuvre n'est pas à la hauteur de cette sympathique feinte.


L'homme est un monstre pour l'homme. On ne sait pas ce qu'il s'est passé sur notre planète, mais on comprend qu'une maladie contagieuse est entrain de décimer notre population. La mise à mort et l'enterrement du grand-père ouvrant le film, illustre bien cet état de fait. La famille de Paul (Joel Edgerton) vient de perdre un de leurs membres, mais ils n'ont pas le temps de faire leur deuil, qu'un inconnu tente de s'introduire dans leur maison dans laquelle ils se sont barricadés. Au lieu d'engager le dialogue, l'inconnu est fait prisonnier. Le temps n'est pas à la compréhension, ils sont en mode survie et surtout Paul assène que l'on ne peut faire confiance qu'à la famille. Il affirme aussi qu'il ne faut pas sortir la nuit et jamais à moins de deux personnes. Il a ses règles et s'y accroche, car à part sa femme Sarah (Carmen Ejogo) et leur fils Travis (Kevin Harrison Jr.), c'est tout ce qui le rattache à cette vie. Une vie se déroulant dans le plus grand isolement. Ils sont coupés du monde et surtout, ne veulent pas côtoyer ceux qui sont dans cette immense forêt.


L'action se déroule principalement dans la pénombre de cette maison. Dans ce contexte, on peut s'attendre à se sentir oppressé et d'être à la limite de la claustrophobie. Malheureusement cela ne fonctionne pas, la faute à l'abus de cauchemars dont l'utilisation est un procédé éculé. Pourtant, il y avait des émotions à exploiter pour nous mettre en condition. Le décès de son grand-père et le fait d'y avoir assister, perturbe Travis. C'est assez compréhensible, il n'a que 17 ans et le monde est entrain de s'effondrer autour de lui. Il se raccroche à son chien, jusqu'à ce que l'arrivée d'une autre famille, réveille ses hormones en ébullition face à la sensualité de Kim (Riley Keough). On se met à sa place, en se disant qu'il ne va pas vivre comme un adolescent dit "normal". Il est seul avec son père, sa mère et son chien, en dehors d'eux, son univers est limité. La dépression le guette, son mal-être est palpable et on comprend sa curiosité. Il erre tel un fantôme dans les couloirs de la maison avec sa lanterne en main, en écoutant les conversations et murmures des couples vivant sous le même toit. La cohabitation va s'avérer difficile, chacun pense à sa famille et on est loin des films exaltant le patriotisme.


La maladie est déjà en nous. Elle sert de prétexte pour nous parler de l'individualisation de notre société. Paul a beau être un professeur et donc d'être considéré comme un esprit instruit, cela ne l'empêche pas de se comporter comme un homme de néandertal. Cette régression intellectuelle est dû à cet isolement, à ce repli sur soi à force de vivre en vase clos. Sa femme n'a pas vraiment droit à la parole. Il possède la clé de la fameuse porte rouge, symbolisant le dernier rempart contre le mal sévissant dans la forêt. Il est le maître de sa demeure, celui qui dicte ses lois et prend les décisions. Sa paranoïa est omniprésente, mais on ne la ressent pas vraiment. On ne s'attend pas à ce qu'il presse à tout moment sur la détente, même si on sent qu'il est au bord de la folie. Ce manque de ressenti, en dehors de l'empathie qu'on éprouve pour Travis, ne nous permet pas de rentrer dans le film. On nous laisse à la porte de leur maison avec le sentiment de se trouver devant un long épisode de The Walking Dead ou dans la version auteuriste de Je suis une légende.


Cette vision de notre société est intéressante. Son pessimisme mérite réflexion, tant elle elle semble réaliste. Malheureusement, cela m'a laissé de marbre avec l'incapacité de me projeter dans cette demeure et de partager les mêmes émotions que les personnages.

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le 23 juin 2017

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Laurent Doe

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