C’est ici que tout a commencé. C’est en Jamaïque que nous rencontrons pour la première fois le plus célèbre des agents secrets, la même île qui abritait, dans la réalité, Goldeneye, la villa de Ian Fleming, qui créa le personnage. Il y a bientôt soixante ans maintenant sortait James Bond contre Dr. No, premier opus d’une saga qui compte bientôt 25 films.
Sous le soleil de la Jamaïque rôde une étrange menace. Assassinats, disparitions… Les services secrets sont en alerte quand, pendant ce temps, une partie endiablée se joue au casino. Un homme aussi élégant que chanceux et en confiance rafle les mises. Il s’agit de James Bond, que nous découvrons alors qu’il est déjà à ses œuvres, à l’issue d’une présentation qui iconise instantanément le personnage. Nous partons alors pour une aventure pleine de risques et de mystères, auxquels font se confronter cet agent britannique dont nous faisons alors petit à petit la connaissance.
Il est certain que nous sommes encore bien loin de la grandiloquence des derniers films de la franchise, où fusent cascades, gadgets et explosions pour délivrer un grand spectacle. Nous sommes ici dans les premiers temps, ceux où la modestie des moyens est autant une limite dans la profusion d’effets qu’elle permet d’allier débrouillardise et efficacité. James Bond contre Dr. No est un premier film qui pose les bases, allant à l’essentiel, soignant la présentation du héros et le développement de ce mystérieux antagoniste, au cœur d’une intrigue d’espionnage simple mais prenante.
Pour créer un héros, il lui faut aussi un adversaire de taille, et le Dr No, premier méchant de la saga, en est un. Très peu explicitement mentionné, longtemps dans l’ombre pour n’apparaître enfin que dans la dernière demi-heure du film, il hante le film de sa présence fantomatique, autant dans l’ombre que dans la lumière, alors incarné par un Joseph Wiseman jouant la froideur et le machiavélisme. Presque inhumain tant il paraît synthétique, caractérisé par la vengeance et la mutilation (les mains artificielles), il inaugure une lignée de méchants certes variés, mais trouvant tout de même toujours des points communs avec le Dr No. Une figure emblématique, évoluant dans un contexte de peur de guerre nucléaire et de guerre des étoiles, un méchant presque ultime dans le cadre du film, avec, cependant, l’idée de faire intervenir quelque chose de plus grand, d’obscur et de puissant, à travers cette fameuse organisation du SPECTRE.
N’oublions évidemment pas de mentionner le légendaire Sean Connery, premier acteur à tenir le rôle dans cette saga, incarnant cet agent présenté comme un homme de manières, macho, à la répartie cinglante mais qui est aussi et avant tout un agent qui peut tuer froidement ses ennemis. James Bond contre Dr. No est un premier film qui fait preuve de modestie, ouvrant alors une lignée de films qui allait mettre en avant l’un des personnages de cinéma les plus célèbres de l’histoire. Parler d’esquisse pourrait paraître péjoratif, mais c’est ainsi que nous pourrions caractériser ce premier film qui, avec le recul dont nous disposons aujourd’hui, se montre efficace et prometteur et, avant tout, annonciateur de grandes choses.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art