C'est le premier film que je voie du duo de réalisateurs Alexandre Bustillo et Julien Maury. Je ne suis pas pressé pour le deuxième.


Pourtant, mettre en scène l'irruption de l'horreur fantastique dans l’environnement très réaliste d'une banlieue ghettoïsée, avec son béton sinistre et ses tags partout, cela avait un beau potentiel.

Pour le réalisme, avec une police qui se préoccupe plus de graffitis (dans ce genre de zone urbaine, je pense que c'est le cadet de leurs soucis !) que d'une série de morts très étranges, on repassera (Mais, là, c'est juste une boutade que je n'ai pas pu m'empêcher de faire. Malheureusement, c'est la moindre des choses posant problème qu'il y a dans Kandisha. S'il n'y avait eu que cela... ).


Pour passer enfin à ce qu'il y a de vraiment gênants, déjà, cela ne sent pas bon quand il y a des dialogues qui surlignent à la kalachnikov quelles sont les relations entre les personnages et leur situation, du genre (j'exagère évidemment un peu, ce ne sont pas du tout les répliques exactes, mais l’esprit est le même et c'est pour mieux appuyer mon propos !) "oh, mais c'est mon père qui a un boulot de merde revenant épuisé de son travail tard en bus !", "tu as de la chance d'avoir des parents, car moi, je suis une orpheline !" (D'autant plus que ce dernier point n'apporte absolument rien à la suite de l'intrigue, ni à la psychologie de la principale concernée. Ah oui, les parents de la troisième fille ne servent à rien non plus. Ils apparaîtront une fois et puis plus rien, comme s'ils n'existaient plus !), "oh, c'est l'ex que tel personnage féminin a quitté, car c'est un gros connard !". C'est du niveau petite section de maternelle dans l'écriture scénaristique ce type de trucs. Ce qui peut être montré, on ne le dit pas au cinéma. Ce ne sont pas tant les mots que les comportements et actes qui font la consistance des personnages et de ce qu'ils vivent. Et on laisse le spectateur deviner par lui-même au maximum. C'est une règle d'or. Venant de débutants, ce gros défaut serait presque pardonnable, de réalisateurs-scénaristes qui en sont à leur cinquième film, non.


Bien sûr, les dialogues autour d'Aïcha Kandisha ne sont pas intégrés à ce reproche, étant donné que celui ou celle qui ne connaît rien à la légende marocaine (catégorie de personnes dont je faisais partie avant de voir le film !) a besoin d'un minimum d'explications pour comprendre les enjeux à venir et savoir à quelle menace exactement ont affaire les divers personnages.


Autrement, comme si les défauts susmentionnés ne suffisaient pas, les interprètes sont mauvais (donc adieu, crédibilité des personnages, en rien arrangée par une passivité que ces derniers gardent pendant des plombes face à des événements incroyables et qui, en plus, les touchent de très près !). Et pour un film d'horreur fantastique qui se veut (je dis bien "qui se veut" !) être dans un cadre bien réaliste avec des personnages réalistes et qui donc se doit d'avoir des scènes de mort réalistes, c'est trop gore et, donc, trop grotesque pour qu'elles puissent être prises au sérieux.


Et pour bien mettre en évidence le degré de nullité des cinéastes, je ne peux pas m'empêcher de citer une séquence qui aurait pu être réussie. Je parle de celle du premier exorcisme, lors duquel les participants et participantes doivent se mettre en cercle et se tenir la main sans la lâcher une seule seconde. Au début, ça fonctionne. La tension fait miraculeusement acte de présence ("miraculeusement" à cause de l'avalanche de défauts dont souffre l'œuvre dans sa globalité !). Ça monte graduellement. Le climax arrive. Il arrive. Il arrive. Et paf, sans explication, il y a un travelling arrière au CGI dégueulasse dans un couloir d'immeuble. Ben non, il faut rester sur les personnages, il faut faire partager l'angoisse extrême et l'épuisement intolérable qui les animent jusqu'au bout et ne pas balancer ce machin à deux balles sorti de nulle part à la place.


J'ai négligé jusqu'à une époque très récente le cinéma de genre français. Je le regrette. Et pour rattraper mon retard, je donne sa chance (si je puis m'exprimer ainsi !) à un maximum de réalisateurs liés à ce cinéma bien précis. Pour Bustillo-Maury, je ne vais pas continuer à perdre mon temps avec eux. S'ils pondent un machin aussi médiocre alors qu'ils ont plusieurs longs à leur actif, ce n'est vraiment pas la peine. Je préfère aller voir ailleurs, aller vers des artistes talentueux.

Plume231
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le 30 juil. 2021

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Plume231

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