J'ai découvert ce film très (trop) jeune.
A peine 16 ans si mon souvenir est bon.
Il m'a marquée, pas exactement comme d'autres films mais l'oeuvre a insidieusement insufflé en moi un sentiment flou mais pourtant pregnant.
En trouvant le BR pour une bouchée de pain, je croyais que le revoir serait quelque chose d'anodin, comme quand on revoit n'importe quel film déjà vu plusieurs années plus tard.
En nourrissant mon lecteur de la galette franco polonaise, je ne m'attendais pas à un tel chamboulement, ni à une telle déferlante d'émotions et encore moins à cette complète redécouverte.
La trame, l'intrigue, je m'en souvenais. Deux femmes, deux pays, une rencontre...
J'avais à l'esprit certaines scènes, musiques mais me replonger dans cette oeuvre qui m'a hantée durablement m'a permis d'en comprendre les raisons.
Quelqu'un me disait comme une preuve de l'immortalité offerte par l'art : "Tiens, je me souviens qu'on en entendait beaucoup partler de lui (Kieslowski) il y a quelques années. Ca fait un moment qu'il ne fait plus rien." Et pour cause, comme son héroïne, il a tout donné à son art. Après son Décalogue, sa fameuse Trilogie colorée, d'une force exceptionnelle, il a rendu l'âme au Dieu du septième art. Trop tôt !
Entendre cette phrase m'a permis de mesurer à quel point construire une oeuvre rend immortel.
Peu de gens le connaissent ce bon vieux Krzysztof mais ses oeuvres sont toujours là, intemporelles et même si elles ont plus de vingt ans, elles sont toujours parlantes. Elles continuent de dialoguer avec les cinéphiles qui les découvrent sans être dépassées en cherchant à comprendre la vie, la mort, la communication entre les êtres, leurs corps et leurs âmes.
Habité par I**rène Jacob**, ce conte sensoriel et philosophique peut sembler hermétique car irrationnel mais son universalité parle à tous, tant les thèmes abordés résonnent l'intimité de chacun.
L'être humain se construit au fil des épreuves, des hasards, des rencontres et des séparations, et se révèle incomplet par essence
En interrogeant l'Identité comme question existentielle, les réponses données ne peuvent être qu'esquissées et ce sera au spectateur de prolonger la réflexion entamée avec les artistes croisés au cours de ce long métrage. Je parle d'artisteS car la photographie, la musique (envoûtante) de Zbignew Preisner sont d'une importance capitale.
L'actrice, justement récompensée à Cannes, est de tous les plans ou presque. Elle réussit à donner une personnalité propre aux deux femmes identiques qui ne se connaissent pas, n'ont aucun lien entre elles mais qui sont liées par un goût commun pour le chant. La passion des deux femmes est bien montrée par le réalisateur qui filme les extases musicales de Weronika comme un orgasme.
La première partie raconte la vie de Weronika qui vit en Pologne entre son père et sa tante.
Son don pour le chant va l'amener à se dépasser, à aller au bout de ses forces son coeur ne la soutiendra pas longtemps.
Véronique, elle, vit à Paris. Depuis le jour de la mort de Weronika, elle se sent seule sans pourtant comprendre pourquoi.
Là entre dans sa vie un marionnetiste, conteur et auteur, qui va l'inviter dans un jeu de piste afin de faire basculer leurs destins.
Un film qui ne cherche pas à se faire comprendre mais qui se vit et se ressent.