Michael Cimino retrouve Mickey Rourke 5 ans après L'Année du dragon pour ce remake d'un classique du polar américain des années 50 réalisé par William Wyler ; Rourke remplace Bogart et les temps ont changé, car sous la caméra de Cimino, la violence est plus présente, comme souvent chez lui, on est immergé dès le début dans l'entourage d'un criminel intelligent, pervers et raffiné auquel Rourke donne une vraie consistance.
Le réalisateur installe une tension pesante qui se mue en huis-clos au sein d'une maison dont le couple est au bord de la rupture, c'est un univers en apparence paisible et fermé sur lui-même qui est soudain envahi par le chaos incontrôlable, et dont personne ne sortira intact. Mais à la différence du film de Wyler, où la famille des années 50 était idéale mais sortait secouée voire détruite par les intrus, Cimino dépeint une famille désintégrée qui se ressoude grâce aux intrus. Le film a des allures un peu formatées, il a subi des coupes qui le dévaluent un peu et il fut éreinté par la critique à sa sortie, mais la mise en scène efficace et haletante de Cimino, son aisance à planter un décor en 2 ou 3 plans, ses superbes images de grands espaces, et sa capacité à briser une situation pour éclater en violence donnent du crédit à ce thriller où il est intéressant de confronter le jeu de Rourke face à celui d'Anthony Hopkins.