Alors qu'ils viennent de s'évader de prison, trois dangereux criminels se cachent dans une maison où loge et vit un couple avec ses deux enfants, en attendant de recevoir de l'aide venant d'un complice extérieur...
William Wyler part d'une idée intéressante en mettant en scène la cohabitation entre d'honnêtes citoyens américains et un trio de malfrats, dont deux frères. Alors, si le film est plutôt plaisant à suivre, il laisse tout de même quelques regrets face aux possibilités qu'offre ce point de départ. On se rend assez vite compte que les personnages sont un peu trop enfermés dans une certaine caricature (la brute, le gangster plutôt sympa, le père de famille voulant jouer aux héros, etc) alors qu'au contraire, leur évolution est plutôt bien foutue, tant dans les relations que la façon dont ils vont réagir face au danger, quelque soit le camp.
En plus de quelques points d'écriture, La Maison des otages déçoit par sa mise en scène et l'absence, du moins partiellement, d'une atmosphère vraiment claustrophobe et sombre. L'intensité n'est pas toujours présente et l'affrontement psychologique manque clairement de puissance et d'une quelconque dimension. C'est dommage car à côté de ça, c'est plutôt sympathique à suivre, il y a du rythme, la réalisation est un minimum maîtrisée et Wyler exploite bien le mode de vie dans les quartiers de banlieues américaine des années 1950, tout comme le côté huis-clos.
Et puis l'autre petite déception vient d'Humphrey Bogart, lui qui est surement mon acteur fétiche. Il ne fera plus qu'un film après celui-là avant de malheureusement décéder d'un cancer et ici, il retrouve le genre de rôles qu'il avait dans les années 1930, avant de devenir l'une des plus grandes stars d'Hollywood avec Le Faucon Maltais, à savoir celui d'un gangster froid. Sans être honteux, il est loin de livrer une grande prestation et ne transcende jamais vraiment son personnage, même s'il n'est pas aidé par l'écriture. Par contre, Frederic March est très bon dans celui du père de famille, retranscrivant bien ses dilemmes, toujours axé sur la bonne santé de sa famille.
J'attendais surement trop de cette réunion entre William Wyler et Humphrey Bogart, La maison des otages manque notamment de tensions et de noirceur pour pleinement convaincre et ce, malgré quelques bonnes idées.