Pour moi, c'est bien simple, il y a tout ce que j'aime dans ce film : une distribution fantastique (Damiens, Deneuve, Poelvoorde, Moreau - tous au top de leur forme), un scénario d'une originalité dingue, une mise en scène incroyablement créative, beaucoup d'humour et de surréalisme, une bande-originale d'enfer, le tout saupoudré d'émotion et de poésie...
Que demander de plus ?
J'ai marché à fond de bout en bout, goûtant une nouvelle fois toute la singularité de l'univers de Jaco Von Dormael dont j'avais déjà adoré Mr Nobody (qui présente d'ailleurs de nombreuses qualités similaires au Tout Nouveau Testament). J'ai retrouvé des échos de tant d'univers que j'adore : la construction narrative à la Jean-Pierre Jeunet, avec cette galerie de personnages saisis dans toute leur adorable truculence, qui s'adressent à la caméra pour raconter des anecdotes de leur histoire; la photographie très soignée, qui s'accompagne d'une bande-son qui m'a évoqué les choix musicaux de Xavier Dolan et qui hésite entre allégresse et mélancolie : tout est parfait.
A nouveau, comme dans Mr Noboby, Jaco Von Dormael trouve une idée scénaristique géniale : l'envoi par SMS de nos dates de décès. Le réalisateur laisse filer son imagination et envisage ce qui pourrait advenir de ces individus qui connaissent précisément quand adviendra leur dernier jour. En écrivant, je repense au Temps qui reste de Reggiani, une chanson dont la très grande émotion naît du questionnement existentiel qu'elle pose et sur laquelle revient ce film tout du long.
Alors bien sûr, Von Dormael va loin dans le délire, mais pourquoi pas ? Il y a chez lui une véritable proposition artistique, esthétique et intellectuelle que je trouve vraiment fascinante. Comme dans Mr Nobody qui questionnait le choix de notre destin, les routes qu'on élit ou non, la réinvention de l'existence; ici, le réalisateur nous invite à nous interroger sur notre propre finitude : ce n'est pas rien de tenter d'aborder ce concept dans le cinéma ! Et il le fait avec tant de grâce, tant d'humour, nous faisant passer, d'un moment à l'autre, du rire aux larmes. Comme j'ai aimé ce film...
Et puis ces trouvailles, ces petits moments superbes, la petite fille qui se penche pour écouter la petite musique des gens, Yolande Moreau qui installe un fond de ciel aux couleurs éclatantes, elle et son aspirateur dans le bureau de Dieu, le gorille qui vire le mari de Deneuve (qui décidément, fait de très bons choix de rôles depuis quelques années et que j'aime de plus en plus), le petit garçon en robe rouge : oui, c'est fou, c'est dingue, mais c'est si doux, si cocasse et décalé, si profondément humain, qu'on ne peut pas ne pas se laisser emporter par ce vent de folie.
René Char écrivait Comment vivre sans inconnu devant soi ? : avec son Tout Nouveau Testament, Jaco Von Dormael nous livre avec son film une réponse totalement irrésistible.
Un grand merci pour ce délicieux film !