Miyazaki tire sa révérence avec classe, il faut en convenir...
La plus éminente figure de l’animation japonaise, Hayao Miyazaki, n’aura eu de cesse de nous émerveiller, alignant chef d’œuvre sur chef d’œuvre… malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, notamment les meilleures, et tel est le cas avec Le Vent se lève, ultime film du maitre du genre.
Alors pour moi qui n’ait jamais vu un Miyazaki au cinéma, l’occasion était d’autant plus belle, immanquable même, et les espoirs les plus fous accompagnaient ce tout dernier voyage… alors que dire, si ce n’est qu’en sortant de la salle, un sentiment des plus mitigés prédominait… fichtre !
Bon sang, on frôle la déception, sans en arriver à qualifier Le Vent se lève de mauvais, bien loin de là, mais tout de même : ce long-métrage est atypique, particulier au possible, à un tel point qu’il en résulte un semblant de frustration heureusement compensé par certains pans de ce dernier.
En ce sens, comme tout bon Miyazaki, ce film est une invitation au rêve, tant l’animation fait des merveilles en mêlant habilement songes à la réalité ; et telle est l’une des particularités faisant de Le Vent se lève une œuvre dénotant au sein de la filmographie du cinéaste, celui-ci quittant le champ du fantastique pour s’atteler à un genre tout nouveau : le biopic.
La part belle est en effet faite à Jirō Horikoshi, inventeur célèbre des funestes Chasseurs zéros lors de la Seconde Guerre Mondiale, et dont l’on va suivre le parcours jusqu’à l’orée de cette dernière ; le thème est donc forcément moins propice en péripéties extraordinaires, et pourtant : comme dit précédemment, les prouesses de l’animation accompagnent une teinte onirique des plus appréciables, et le sujet étant bel et bien captivant, on se prend tout bonnement au jeu.
Certaines séquences sont d’ailleurs franchement impressionnantes, notamment le séisme de Kantō, et l’on en vient même à se demander où commence la réalité ; cet effet est de plus largement accentuée par une intrigue faisant mine d’avancer au petit bonheur la chance, sautant les mois comme les années sans crier gare, et ne manquant pas de nous perdre.
Dans une même veine, les tenants et aboutissants du grand amour de Jiro laissent tout bonnement perplexes, notamment de par sa finalité tragique étrangement traitée ; ajoutons à cela des séquences quelque peu niaises, quoique belles et riches en émotions, mais bien trop pauvres en terme de dialogues à la hauteur du propos, et l’on tient là un exemple de l’irrégularité composant Le Vent se lève.
Des regrets subsistent donc, car bien que ce film fasse preuve d’un rythme passif au possible, sans grands rebondissements, on s’attache au rêveur Jiro ; il en va également de même concernant une galerie de protagonistes très sympathique, que l’on se prend à suivre avec un certain plaisir, au sein d’une ambiance mélancolique peu à peu immersive.
En résumé Le Vent se lève est un très bon film d’animation, mais clairement pas le meilleur de Miyazaki : si l’absence du fantastique pouvait un temps inquiéter, le long-métrage démontre que ceci n’est en rien un handicap, tant il est un pur délice audio-visuel ; reste qu’il ne convainc pas entièrement en terme d’intrigue, car notamment trop évasive...
Bref, voici une œuvre pour le moins singulière comme seul Miyazaki en est capable, et l’on quitte à grand regret ce dernier, qui termine malgré tout sur une relative bonne note !