Il s’agit de la première incursion dans l’industrie Hollywoodienne du réalisateur français, proposant un drame stylisé très réussi et situé à New-York.
Léon est, sans doute, le meilleur film de Besson car le score d’Eric Serra est en parfaite harmonie avec toutes les scènes. Grâce à son compositeur fétiche, elles prennent une dimension encore plus tragique ou intense dans leur symbolique. C’est flagrant quand Mathilda sonne à la porte de Léon pour entrer chez lui, la première fois. Les thèmes musicaux de chaque personnage fonctionnent admirablement.
Visuellement, le film est parfaitement découpé et monté pour aller à l’essentiel, de manière efficace sur la version courte. L’assaut final en est un exemple majeur. J’ai aimé le travail de Thierry Arbogast au niveau de la photographie, notamment dans la gestion de l’obscurité.
Troquant le chapeau qu’il avait dans Nikita pour un bonnet, Reno est toujours affublé de ses lunettes rondes depuis qu’il collabore avec le réalisateur. Ici, c’est le meilleur « nettoyeur » du quartier de Little italy, ayant conservé une âme d’enfant. Cette « innocence » va être très importante pour faire accepter au spectateur sa relation atypique avec la jeune fille, interprétée de manière bluffante par Natalie Portman. Son prénom se termine encore, une fois, par un A : c'est une véritable obsession pour le réalisateur. C’est la première et, sans doute la dernière fois, qu’il met en scène un personnage féminin aussi jeune (12,13 ans) dans son intrigue. Cela va lui jouer des tours auprès de la censure américaine ayant demandé la suppression de certaines scènes pour sa diffusion sur le sol américain.
J’aborde la controverse de ce film abordant la pédophilie entre les 2 personnages principaux, tout en essayant d’atténuer le pouvoir de l’adulte, en lui donnant un aspect candide, face à l’enfant. La scène avec le personnage de Peggy, le cochon est éloquente ou celle où il est au cinéma. Pourtant, certaines passages précisent que cette relation est interdite et peut être fatale pour l’adulte. Donc, cette déviance n’est pas légitimée, contrairement à ce que l'on peut lire dans quelques articles, même si elle est davantage explicite dans la version longue. Je précise que je condamne cette attitude pour enlever toute erreur d’interprétation pour le lecteur à travers cet avis. Un autre grand film (Taxi Driver) parle d'une relation du même type mais cela est une autre histoire...
Tout comme Nikita ayant eu des problèmes à cause de la drogue, Mathilda va également voir sa vie partir en vrille, de manière indirecte, avec celle conservée par son père. Cette thématique des stupéfiants est aussi présente dans l’un de ses plus grand succès au box-office : Lucy. On sent bien que ce sujet lui tient à cœur pour qu’il revienne autant de fois dans sa filmographie. A chaque fois, cela a de terribles conséquences pour le personnage féminin.
Il aborde aussi le thème des violences domestiques sur les enfants, sans pour autant tomber dans le pathos, dès les premières minutes du long métrage. Le caractère réaliste de ce type de situation est très bien résumé dans un échange entre Léon et la jeune fille :
M : La vie est dure tout le temps ? Où c’est que quand on est petit ?
L : C’est toujours comme ça .»
Cela permet au public d’avoir une empathie immédiate pour elle et son avenir.
Mais Léon n’aurait pas rencontré un aussi grand succès sans la présence d’un ennemi aussi charismatique que le personnage de Gary Oldman. C’est un flic corrompu et psychotique complètement addict aux amphétamines. Chacune de ses scènes sont mémorables (la rencontre de 12h, dans l'immeuble de la D.E.A…) dont une avec l’une des meilleures répliques du film :
J’aime ces petits moments de calme avant la tempête.
On comprend aisément pourquoi Luc le voulait à nouveau pour son 5ème élément qui allait devenir son plus gros succès dans les années 90.
Sortant de son registre comique, Danny Aiello joue sobrement le parrain et père spirituel de Léon, tout en lui confiant ses contrats.
Lors du dernier visionnage, la scène du premier contrat de Léon m’a interpellé, au regard de tout ce qui se passe avec la réactivation du mouvement #Metoo avec l’actrice Adèle Haenel depuis peu, bien qu’elle soit bien mise en scène. Sa cible (un homme) veut passer du bon temps avec une jeune prostituée interprétée par Maiwenn, âgée de 17 ans et déjà mariée depuis 1 an avec le metteur en scène, à l'époque. Là, encore, dans le film, le détournement de mineur est considéré comme une chose dangereuse car l’adulte est menacé de mort par Léon, s’il ne se tient pas à carreau. Le plus surprenant est le fait qu’elle soit mentionnée sous le pseudo « Ouin-Ouin » dans le générique et pas sous son vrai nom. Est-ce une marque d’immaturité du cinéaste envers sa jeune femme ? Je ne sais pas trop quoi en penser…
Malgré certaines scènes donnant à réfléchir sur leur véritable sens avec ce que l’on sait aujourd’hui, Léon fonctionne grâce à une mise en scène efficace et une bonne utilisation de la musique de Serra. Les acteurs apportent une vraie profondeur à chacun des personnages principaux. La principale révélation est sans aucun doute : Natalie Portman. Bien qu’ayant commencé très tôt, elle fait partie des rares actrices à avoir réussi autant dans leur vie professionnelle que privée à l’âge adulte. Je pense que Lindsay Lohan ne va pas me contredire !
Léon est une vraie réussite ayant réuni 3.5 millions de spectateurs en France et presque 20 millions de dollars aux Etats-Unis d’Amérique se clôturant magnifiquement sur la musique de Sting "Shape Of My Heart". Il permit à Besson d’obtenir une vraie reconnaissance à Hollywood. Cela se confirmera dès son film suivant au regard de son budget. Il me reste plus qu’à redécouvrir le Cinquième élément avec l’un de mes acteurs préférés : Bruce Willis. A suivre.
NB: Je remercie mes abonnés (notamment Oka Liptus), éclaireurs et lecteurs occasionnels de m'avoir soutenu pour écrire ce papier.@Bientôt