"Leon" est un grand film. Peut être même le meilleur de la filmographie de Luc Besson. Surement le plus important de toute sa filmographie après Le Grand Bleu, Le Cinquième Elément et Nikita. Alors, je ne sais pas si vous l'avez vu, mais franchement, qu'est-ce qu'il envoie du lourd, ce film! Je ne m'attendais vraiment pas à ça, pensant tomber sur un autre film d'action à la Nikita, sympathique petite série b sans grande portée. Sauf que non, bien sur, je me trompais. Non content d'avoir épaté tout le monde avec son Grand Bleu, que je n'ai pas encore vu, le mec envoie tout valser et nous envoie un nouveau coup de poing en pleine gueule.
Sans déconner, "Léon" est littéralement un film coup de poing. Bluffant, entrainant, violent et déprimant, toutes les sensations y sont pour en faire un divertissement inoubliable et unique, terriblement triste et incontestablement magnifique. Parce que Besson, à cette époque, avait tout compris sur le cinéma et comment fournir du plaisir aux spectateurs, possédait encore un humanisme dans ses intrigues, une simplicité dans l'exécution de sa mise en scène stylisée.
Loin de Malavita (je ne parlerai pas de Lucy pour l'instant), plus près de John Woo que du Yes Man qu'il est devenu, il nous livre l'oeuvre de toute une vie, son chef-d'oeuvre à lui, personnel et novateur. Fort d'une mise en scène impressionnante de maîtrise comme de beauté, Besson nous offre ce qui pourrait être considéré comme le meilleur film d'action français de sa génération.
Beaucoup n'apprécient surement pas ce réalisateur, mais force est de constater que quand vous vous mattez un de ses films faits dans les années 90, vous ne pouvez plus nier qu'il avait un talent fou. Et justement, ce mec, il fait partie du trio des génies gâchés. Mais j'en reparlerai en d'autres temps. Et si Léon est si unique et attachant, c'est surtout du fait de son interprète.
En effet, Jean Reno trouve le rôle de sa vie, loin devant Godefroy de Monmirail, apportant son charisme et sa personnalité à un rôle déjà bien consistant. Il fait d'un tueur professionnel, plus précisément un nettoyeur, un homme touchant, fort d'une humanité qu'on ne lui aurait jamais attribuée (bien loin du charisme froid et inhumain de Delon dans Le Samouraï). Sauf que bien sur, pour que Léon "brille", il ne doit pas être seul. Et c'est à la toute jeune Nathalie Portman qu'incombe la lourde tâche d'interpréter sa fille "spirituelle", nous livrant l'une des plus belles histoires de transfert familial du cinéma d'action. Elle est vraiment bonne pour le rôle, s'avérant à la fois drôle et touchante, parfaite pour prendre la relève d'un Reno en fin de carrière.
Mais celui qui ressort le plus, encore une fois, c'est bien entendu Gary Oldman. Alors lui, je l'ai vu pour la première fois dans la trilogie "Batman" de Nolan, et je viens tout juste de le redécouvrir dans "Le Cinquième élément". Et quel acteur, sans déconner! Doué, impliqué, génial, carrément habité, le voir jouer le gros psychopathe, c'est un peu comme de voir Heath Ledger interpréter le Joker : c'est un vrai régal ! Et c'est un peu un Heath Ledger avant l'âge.
Il est fou, et nous offre un personnage fascinant autant qu'attachant, chose rare pour un bad guy. Je voulais carrément qu'il survive, bien plus que Léon, en fin de compte. Il n'a pas à rougir de la comparaison avec sa prestation dans "Le Cinquième élément", se montrant un poil différent mais toujours aussi déglingué dans sa tête. Et comme à son habitude chez Besson, c'est l'acteur du film.
En tant que référence, il est vraiment amusant d'apercevoir, à de nombreuses reprises, la série télé (le dessin animé) "Transformers", dont Portman est dingue. Et puis, "Léon", c'est aussi l'enchainement de scènes toutes plus cultes les unes que les autres. Le meurtre de la famille est horrible, violent et brutal, il te colle littéralement au siège. La séquence du parc est aussi surprenante que drôle et bien filmée, autant que celle des imitations, la meilleure du film, simplement énorme et délirante.
Et ce sont ces petits instants de déconnade bien placés qui font que le film ne se prend pas totalement au sérieux et rend les personnages attachants. Et puis la fin... Non mais la fin!!! Qu'est-ce qu'elle est belle! Unique. Filmée magistralement, avec la caméra qui mime la mort, originale, d'une finesse rarement égalée et jusque là jamais vue, suivant une scène d'attaque angoissante, nerveuse et maîtrisée à la perfection, elle est émouvante et terriblement triste. Du jamais vu. Un authentique chef-d'oeuvre.