Les Dalton est construit à partir de deux « fausses bonnes idées » : la première est d'adapter Lucky Luke au cinéma en « live », Terence Hill s'y était déjà cassé les dents en 1990 ; la deuxième est de faire un spin-off sur les Dalton, les quatre frères bandits à partir du duo comique du moment à savoir Eric et Ramzy. Si l'idée n'est pas si mauvaise à priori, tous deux cultivent un côté enfantin et naïf à travers leurs chamailleries et leurs bêtises que ce soit dans les sketchs Les Mots, dans la série H (1998-2002) ou encore dans le film La Tour Montparnasse infernale (2001). Cependant, la bande des Dalton est composée de quatre membres et non de deux, ce qui fait que William et Jack (Romain Berger et Saïd Serrari) sont ici interprétés par des acteurs qui tiennent la chandelle au couple antinomique Joe / Averell. Premier exemple de ce qui marche en bande-dessinée, voire en dessin animé mais pas dans un film avec des acteurs en chair et en os. De plus, les Dalton sont des personnages centraux mais tout de même secondaires, le personnage principal est et restera à jamais Lucky Luke. D'ailleurs, le film prend à revers leur relation : ici, c'est Lucky Luke qui sert de faire-valoir aux Dalton. Le personnage est à la limite de l'inutilité, si ce n'est pour le duel final. Til Schweiger est sans doute plus ressemblant au héros que Terence Hill mais il est aussi beaucoup plus superficiel, sans parler des apparitions anecdotiques de Rantanplan et de Jolly Jumper, l'un numérique et l'autre muet. Le film se heurte donc à la transposition BD / Cinéma avec de nombreux gags qui ne fonctionnent pas à l'écran comme les crises de colère de Joe ou l'ombre indépendante de Lucky Luke. En voulant être original, Philippe Haïm échoue lamentablement avec un sombrero magique, histoire ridicule, sortie de nulle part, complètement grotesque. Une occasion pour rappeler que le fantastique et le western ne font jamais bon ménage. L'univers visuel de l’œuvre originale est difficilement exploité comme les nombreux tirs de la mitrailleuse, rappelant les tirs par dizaines ne touchant personne dans la B.D. Quelques bons points sont à noter : la prestation de Ramzy en Averell plus convaincant que celle d'Eric en Joe, Marthe Villalonga en Ma' Dalton puis les costumes très fidèles aux couleurs vives de Morris (le vert et le rouge des Dalton, le jaune et le noir de Lucky Luke ...). Haïm hésite entre la parodie du western italien (musique d'Ennio Morricone, plusieurs scènes empruntées au Bon, la Brute et le Truand ou à Il était une fois dans l'Ouest notamment avec l'harmonica avalé par Averell), l'humour « Trinita » (le petit et le grand à la place du beau et du gros) et leur propre humour avec des « private jokes » destinés à leur public (l'accent chinois imité par Eric faisant appel à la même scène dans La Tour Montparnasse infernale). Le film n'aurait pas dû s'appeler Les Dalton mais « Eric et Ramzy au Far West », tellement le scénario est écrit pour eux et non en fonction de leurs personnages. Ce n'est pas de cette manière qu'un bon film franchisé « Lucky Luke » sera produit. Sortir le western européen de sa tombe pour ça ? Il aurait mieux valu le laisser six pieds sous terre. A quand un bon réalisateur, un bon scénario et de bons acteurs pour donner un nouveau souffle de vie au genre ?
Ma critique de la bande originale composée par Alexandre Azaria