Voir le film

S'inspirer de King, faire de l'horreur milieu de gamme, être ingénieux sporadiquement

Sleeping with the Enemy arbore le même titre qu'une chanson de Supertramp, mais il n'en a absolument pas la teneur dense et imposante. Supposément partie de la vague néo-Hitchcock, le film est plutôt néo-King (l'auteur) sans l'extrême pauvreté de la plupart des adaptations de ce dernier. Homme riche, femme piégée, échappée menant à l'horreur ; le schéma est là. Et dans sa première partie qui s'avérera n'être qu'une introduction, l'œuvre s'avère vaguement ingénieuse mais surtout vague tout court : petite musique, petits décors, petits rebondissements... ça carbure à petit feu.


Ensuite, il y a les canons. Au-delà de ses accès d'intelligence, le scénario se laisse dériver jusqu'aux récifs du tout-fait ; la jeune femme se fait une nouvelle vie, elle se lie d'amitié avec, ô surprise ! son voisin, et puis, ô surprise ! ils tombent amoureux. Le personnage du méchant mari est également taillé avec autant de finesse qu'un menhir obélixien dans le granit du cliché ; on va jusqu'à le faire boire comme un animal pour montrer que, oulalah, il est méchant ; on abuse de contreplongées aussi. Enfin, certaines ficelles sont énormes ; quelle idée de se faire croiser les protagonistes au détour d'une fraction de seconde, autour de portes qui s'ouvrent et se ferment, ou alternativement dans des couloirs ? C'est un procédé théâtral dont on hésite à rire ou à frissonner. En parlant de frisson, sa qualité n'excède pas la marque distributeur (et je ne parle pas de la Century Fox).


[Spoilers] Le film acquiert sa valeur dans sa dernière partie, témoin d'une horreur qui s'aiguise. D'abord, les ruptures de ton et les screamers sont fatigants et beaucoup trop insistants, mais une scène de ce film a atteint la première place de la scène la plus glaçante que j'aie pu voir au cinéma (en un mot : le placard). Alors enfin le film devient une réussite horrifique, ce qui nous gracie d'une fin oiseuse, même si des canons sont encore mis en œuvre pour faire bonne figure : la résurrection inattendue, et le happy end sorti de nulle part. Alors l'impression est bonne, car le divertissement est bon, mais la manière est médiocre.


Quantième Art

EowynCwper
4
Écrit par

Créée

le 15 août 2018

Critique lue 310 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 310 fois

D'autres avis sur Les Nuits avec mon ennemi

Les Nuits avec mon ennemi
Taguzu
4

L'ennui dure une heure et demie

Les - : - Un tourbillon de coupes ringardes et de moustaches dansant harmonieusement au rythme d'un scénario peu crédible et inintéressant au possible, et des personnages qui le sont encore moins,...

le 30 août 2013

7 j'aime

2

Les Nuits avec mon ennemi
On3
5

Critique de Les Nuits avec mon ennemi par On3

Un film qui hésite constamment entre le thriller et la romance. Alors oui, forcément le résultat est bancale. Sans être mauvais, c'est parfois assez peu convaincant. Disons qu'il manque facilement...

Par

le 15 mars 2012

4 j'aime

1

Les Nuits avec mon ennemi
Boubakar
5

La toxicité du couple.

Une jeune femme décide quitter son mari violent en simulant une noyade ; elle disparait ainsi de sa vie pour récupérer la sienne, avec une nouvelle identité. Énorme succès à sa sortie, comme...

le 14 oct. 2021

3 j'aime

2

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 26 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3