John Reid (Armie Hammer), homme de loi se retrouve embarqué malgré lui dans un règlement de compte au milieu duquel son frère trouve la mort. Laissé pour mort, il décide alors de devenir hors-la-loi pour venger son frère en tuant son meurtrier. Il s’attelle à la tâche, aidé d’un indien sans scrupule, Tonto (hilarant Johnny Depp). Dans un contexte de tensions entre cow-boys et indiens autour du chemin de fer et du progrès technique, ce duo improbable va devoir faire face à de nombreuses embûches. Pour trouver les vrais coupables, il faudra remonter la voie jusqu'au bout...
Gore Verbinski, réalisateur des trois premiers Pirates des Caraïbes, reprend ici ses scénaristes, son acteur principal, son compositeur et sa caméra pour nous offrir ici le film peut-être le plus jubilatoire qu’il ait fait, cherchant à balayer un large public. Et si le public a quelque peu décidé de bouder son plaisir lors de la sortie du film en salles, on nous permettra d’être sensibles à la magie singulière qui se dégage de ce film. Cette magie est notamment due au travail hallucinant de Bojan Bazelli, directeur de la photographie, grâce auquel la plupart des plans du film sont parfaitement inoubliables.
Mais tout sonne juste dans ce film, de la mise en scène, impeccable et d’une élégance rare, aux acteurs pour la plupart au-dessus de la moyenne : Armie Hammer est tout-à-fait convaincant, dans sa candeur idéaliste qui se brise au fur et à mesure du film, Johnny Depp performe encore une fois dans son rôle d’indien déjanté mais toujours plein de ressources (cette fois, au lieu de trop parler, comme on pouvait le reprocher à Jack Sparrow, Depp choisit le silence, qui se révèle souvent plus éloquent...), suivi de près par William Fichtner, Tom Wilkinson, et Helena Bonham Carter, tous trois savoureux dans leurs rôles (malgré le trop court temps d'apparition de Bonham Carter à l'écran).
Si on peut juger quelques scènes un peu longues (ce qui n'est pas mon cas !), le rythme n’est jamais brisé, et la montée en puissance d’un scénario qui, pour être classique, n’en est pas moins efficace et très complet, valait bien qu’on s’y attarde un peu. En plus, à travers la toile de fond que constitue le chemin de fer et la voie vers l'avenir qu'il constitue, Verbinski s'offre le luxe d'introduire une certaine réflexion sur le rêve de conquête des Américains, et sur la colonisation écrasante qu'ils ont mis en oeuvre au détriment des peuples indiens, auxquels ils n'ont accordé aucune considération. Réflexion plutôt discrète, certes, mais pourtant constamment sous-jacente, notamment grâce au symbolisme légendaire de Verbinski (on n'en aura jamais fini de décortiquer toutes les images du film, chaque plan recélant une idée particulière) et à son talent indéniable pour la mise en abyme, procédé omniprésent dans Lone Ranger.
Pour couronner le tout, Hans Zimmer signe sa meilleure musique, entre autres dans une scène finale si époustouflante, aussi hilarante (on en sort presque fatigué d’avoir tant ri !) qu’épique, qu’elle ne pouvait que l’inspirer pour le mieux… Quant au rire, il est de presque tous les instants, permettant à Verbinski de nous offrir un savoureux pastiche des meilleurs westerns sans jamais tomber dans la parodie, dans une vulgaire caricature bête et méchante comme le fera Tarantino avec le passable Django Unchained, qui, lui, sera acclamé par le public… Cela n’exclue pas quelques scènes où une vraie tension dramatique est savamment dosée, créant un parfait équilibre.
Somptueux, hilarant, rythmé, épique... Que faut-il de plus pour atteindre l'excellence ?