La mode des remakes a commencé concrètement avec celui d'un film culte pour des générations entières de cinéphiles, l'intouchable Massacre à la Tronçonneuse. Tourné trente ans plus tard par un sombre inconnu de clippeur allemand nommé Marcus Nispel, ce remake s'avère finalement être une pure réussite fidèle, très bien interprétée et munie d'une brillante mise en scène, soignée et originale. Jeunes acteurs issus de teen-movie ou de sitcoms (Jessica Biel, l'excellent Jonathan Tucker, Eric Balfour...), très convaincants, font face au monstrueux R. Lee Ermey, inoubliable sergent-instructeur dégueulasse dans Full Metal Jacket, ici parfait en père cannibale détestable.
Quant au nouveau Leatherface, il est aussi effrayant que son prédécesseur (oui, j'oublie volontairement les bouffonneries des suites tournées après l'original de 1974). La réalisation, elle, est également soignée : le grain est usé, naturellement vieilli, aux couleurs principalement sépia, respectant agréablement le film original, conservant ce coté glauque et malsain qui en fait encore aujourd'hui le charme, évitant justement une image trop propre. Toutefois, Nispel apporte une touche inédite au film de Tobe Hooper : du gore. Et pas quelques gouttes d'hémoglobine, non : du gore qui tâche, qui fait mal, qui fait grincer des dents et tourner de l'œil.
Car ce nouveau Massacre à la Tronçonneuse est désormais vraiment déconseillé aux âmes sensibles : jambes tranchées, scènes de torture insoutenables, ambiance crade et j'en passe... Oubliez donc les suites foireuses survenues dans les années 80/90, ridiculement cheap et sans aucune personnalité. Aujourd'hui, avec Michael Bay à la production, on en a pour notre argent, le film regorgeant autant de passages éreintants que d'un suspense palpable, terrifiant et inattendu. En somme, cette refonte est l'exemple-type du remake réussi qui engendrera une flopée de remakes/reboots pour la plupart (hélas) ratés.