Deuxième long-métrage Disney à mêler animation et prises de vues réelles (le premier restant Saludos Amigos), ce conte faiblard tourné fin 1944 mais sorti deux ans plus tard a surtout subi les foudres des associations afro-américaines pour sa caractérisation maladroite des Noirs affranchis après la Guerre de Sécession, soulignant principalement leur nonchalance fantasmée après une traite violente et leur anglais modifié. Mais qu'en est-il du film en lui-même ?


Réalisé par l'ancien assistant réalisateur Harve Foster ainsi que par l'habitué Wilfred Jackson pour les passages animés, Mélodie du Sud fleure bon le drame moraliste gentillet des années 40 où un vieil homme raconte des histoires fantasques à un gamin fortuné un brin paumé pour lui enseigner des valeurs humanistes sous le coude. Hélas, si l'intention est louable, le résultat l'est nettement moins, le rythme lancinant, la mise en scène pantouflarde et les rares chansons peu mémorables (dont l'Oscarisée "Zip-a-Dee-Doo-Dah") alourdissant le métrage et ne permettant jamais une immersion totalement entraînante.


Pourtant bien interprété par James Baskett (qui doublait un corbeau dans Dumbo et dont ce fut ici la dernière apparition) et le jeune Bobby Driscoll, futur enfant star des productions Disney de l'époque, le film peine à émouvoir, à demeurer captivant et à le rester durant 1h30, pas vraiment aidé par les trois histoires animées basées sur les aventures de Jojo Lapin jouant des tours à Frère Ours et Maître Renard d'après les contes de Joel Chandler Harris (un écrivain activiste qui lutta longtemps contre le racisme). Certes bien réalisées mais pas extraordinaires pour autant, ces trois courtes séquences ne viendront jamais nous émerveiller ; un dessin animé entier sur ces aventures aurait été plus judicieux (comme ce qui était prévu à la base).


En définitive, un inédit DVD rare mais pas indispensable, assez niais, plus balourd que raciste et plus ennuyeux qu'enchanteur qui ne vaut clairement le visionnage que pour son statut de film le plus méprisé de la firme aux grandes oreilles. Qu'il est loin le temps où cette dernière cherchait à enterrer l'échec commercial de Taram et le Chaudron Magique...

MalevolentReviews
3

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les Inédits DVD

Créée

le 24 janv. 2021

Critique lue 147 fois

3 j'aime

Critique lue 147 fois

3

D'autres avis sur Mélodie du Sud

Mélodie du Sud
Walter-Mouse
5

Un été à la plantation

En quête d'un nouveau marché à conquérir, Walt Disney souhaite affirmer la diversification de ses productions ciblées tous publics tout comme il cherche d'autres solutions économiques pour garantir...

le 26 juil. 2019

11 j'aime

Mélodie du Sud
Boubakar
5

C'est pas l'oncle Paul, c'est Remus !

En découvrant ce film, et sa réputation sulfureuse, je m'attendais à y voir un énorme brûlot raciste, alors que c'est en fin de compte plutôt maladroit sur le traitement des personnages de couleur...

le 9 nov. 2019

6 j'aime

Mélodie du Sud
Trilaw
8

« Zip-a-dee-doo-dah »

Mélodie du Sud provoque un peu déjà à l’époque mais plus grandement encore aujourd’hui un tollé, en effet car il montre des esclaves heureux de leurs conditions, mais il y a cette scène à la fin qui...

le 3 avr. 2023

5 j'aime

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

68 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

44 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

40 j'aime

10