Le temps l'a dit : on ne devient pas un réalisateur de renom sans avoir mis en scène un remake. Pas étonnant que David Fincher soit lui aussi pris dans les filets d'un Hollywood jamais rassasié de pomper à autrui ses bonnes idées. Pire encore, ce dernier commence récemment à se justifier en prétextant ne pas "refaire le premier film" mais plutôt "ré-adapter le roman original". Belle excuse, aussi louable que peu crédule. Ainsi, après Laisse-moi entrer, c'est au tour du Millénium de Niels Arden Oplev d'être "réadapté" pour le public américain. Et comment ne pas parler de remake lorsque le film de Fincher sort à peine deux ans après l'original ?
Alors oui, Millénium version 2011 ajoute des séquences omises dans le film d'Oplev, en supprime d'autres, modifie notamment la fin et reste beaucoup plus proche du roman de Stieg Larsson. Mais en valait-il la peine ? Ce concours de queues n'est malheureusement pas très judicieux, surtout que le modèle suédois n'avait rien à envier de par sa mise en scène soignée et son interprétation haut de gamme révélant par ailleurs des acteurs locaux plus que talentueux. Ici, nous n'aurons droit qu'à un superbe casting (Daniel Craig, la révélation Rooney Mara qui avait déjà joué dans The Social Network, Stellan Skarsgård, Christopher Plummer...), une mise en scène toute aussi léchée, un générique clippesque et... c'est tout.
Pas trop de différence visuelle avec le prédécesseur et c'est bien dommage. De plus, Fincher n'amène pas ses protagonistes au pays des burgers et reste en Suède (niveau crédibilité, on repassera). Pire encore, la durée du film ne devant pas excéder les 2h30, le réalisateur américain accélère le rythme de nombreuses scènes et n'arrive presque jamais à faire savourer au spectateur l'ampleur des séquences proposées. Et si la musique sans cesse oppressante de Trevor Reznor fait son petit effet, on ne ressent nullement l'atmosphère glaçante du film d'Oplev et on accroche beaucoup moins à l'intrigue principale qui se dénoue ici bien trop rapidement. Mention passable donc pour David Fincher qui réalise un thriller certes bien foutu pour quiconque n'a pas vu la première adaptation du best-seller mais qui propose un remake beaucoup moins réussi.