Minamata
6.8
Minamata

Film de Andrew Levitas (2020)

Evidemment, cette histoire de photographe qui part révéler le scandale de l'empoisonnement de toute une population japonaise au mercure par une grosse entreprise rappelle Erin Brokovich avec Julia Roberts (et le récent Dark Waters avec Mark Ruffalo). Mais en sommes-nous lassé pour autant ? Non. Car on a beau se sentir rôdé, on n'est jamais prêt à faire face à ces réelles images d'archives terrifiantes, glaçantes, bouleversantes (on en avait les yeux embrumés et la boule au ventre) d'enfants difformes, de chats qui se fracassent la tête contre leur cage, de mains tordues comme des arbres noueux... Rien qu'à l'évocation de ces difficiles passages du film (ceux où il décide de stopper la fiction pour nous mettre le nez dans les images réelles), on tire sur notre col, mal à l'aise, et c'est exactement ce que Minamata veut. Pour que l'on se sente concernés par la catastrophe qui se passe à l'autre bout du monde, qui est tue à grands renforts de pots de vins, pour que l'on n'oublie pas ces enfants perdus... Dans le rôle du photographe alcoolique et ronchon, Johnny Depp excelle, et revient en force après un passage à vide qui a duré trop longtemps (à notre goût, quand on connaît le talent du bonhomme). On ne peut que remarquer aussi tout l'amour que le film porte à l'art photographique, filmé presque comme une belle amante de sa "remplaçante" la caméra, tant les plans qui y sont consacrés sont beaux. On a bien envie de ressortir le vieil appareil argentique... Le rythme est excellent, on adore retrouver Hiroyuki Sanada (vous l'aurez certainement vu dans un second rôle de gros blockbusters hollywoodiens, ici on aime le voir un peu plus en tant que rôle majeur) et le générique de fin nous a achevé quand à la tristesse infinie : pour montrer que le problème n'est pas résolu, quoi de plus percutant que de l'étendre à l'échelle mondiale et montrer toutes les plus grandes pollutions mortelles créées par l'Homme... Une histoire vraie qui a réussi parfaitement à éviter la redite (le piège pour ce thème déjà exploité) et a été une découverte totale. Minamata nous a embarqué du début à la fin, très bien interprétée et avec des photos d'archives glaçantes.

Aude_L
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2021

Créée

le 24 juin 2021

Critique lue 885 fois

1 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 885 fois

1

D'autres avis sur Minamata

Minamata
UgoLemasson
7

Bouleversant et nécessaire ! A voir !

Attention, sujet brûlant, et toujours actuel ! Comme pour les dauphins, d'ailleurs...Bref, passons ! Tout le travail autour de la photo est magnifique dans ce film, précisément quand l'objectif...

le 28 oct. 2021

3 j'aime

1

Minamata
Selenie
6

Critique de Minamata par Selenie

Le film se veut donc un docu-fiction sur la tragédie de Minamata comme un biopic hommage à l'icône du photoreportage. L'un prenant le pas sur l'autre sans que cela soit réellement voulu à priori...

le 13 mai 2022

1 j'aime

Minamata
FelixLeloup
8

Cœur de mercure

Passé un peu inaperçu, Minamata marque le retour sur grand écran de Johnny Depp pour un vrai rôle comme on aime le voir endosser. Inspiré de l'histoire vraie du scandale de la ville Japonaise de...

le 13 févr. 2022

1 j'aime

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

The Substance
Aude_L
9

Notre Palme d'or 2024 !!!

On sortait de plusieurs drames "qualitatifs mais pompeux" (on va le dire poliment) dans ce Festival de Cannes 2024, alors quand vous vous asseyez en bout de rangée (Team Last Minutes), et que le papy...

le 28 mai 2024

41 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime