Auteur d’un résultat respectable au box-office, Mission: Impossible 2 se résumait davantage en un fiasco critique des plus conséquents, à même de vous refroidir concernant la suite des aventures d’Ethan Hunt ; pour autant, l’opiniâtre Tom Cruise ré-enfila sa casquette de producteur phare à l’occasion d’un troisième film, qu’il confia cette fois-ci à un futur nom incontournable du grand écran : J.J.Abrams.


À la suite du visionnage probant d’Alias, avec lequel ce dernier s’était distingué sur le petit écran, Tom Cruise lui donna ainsi l’occasion de faire ses preuves, avec un coup d’essai plutôt risqué en soi : sorte de nouveau départ pour une saga peinant à décoller, M:I3 ne partait pas sous les meilleurs auspices en raison du spectre d’un épisode Woo désappointant, tandis que le fort réussi premier opus signé Brian De Palma paraît quelque peu sous-estimé.


Eh bien, chapeau Abrams, son long-métrage faisant aisément oublier les déboires du second volet, tout en supplantant avec la manière le référentiel film de 1996 ; épaulé du tandem Kurtzman / Orci au scénario, le brillant cinéaste en devenir nous livre donc un divertissement trépidant doublé d’une intrigue aux multiples ressorts, de quoi nous tenir en haleine de bout en bout.


L’introduction donne d’ailleurs le ton, celle-ci nous propulsant sans ménagement au cœur d’un interrogatoire haletant, dont les tenants et aboutissants nous échappent à un stade aussi précoce ; au terme d’une telle entrée en matière, venue balayer d’un revers de main toute forme de circonspection préconçue, ce choix de narration, auréolé d’une dimension dramatique des plus appréciables, fait donc mouche… que nous réserve M:I3 d’ici là ?


On pardonne donc volontiers au film une suite plus classique, placée sous l’égide d’une romance pas forcément folichonne ; toutefois, même les contours d’une trame déjà vue (une supposée dernière et personnelle mission, à laquelle va forcément succéder des ennuis) ne sauraient ternir l’honneur retrouvé de Tom Cruise (exit le brushing douteux) ainsi que l’instauration d’un espoir hautement vivace concernant l’action à venir.


Et que dire si ce n’est que M:I3 va rapidement nous donner raison, au sauvetage mouvementé s’arquant une intrigue bien plus dense qu’escomptée, dont l’action virevoltante, sans jamais verser dans une débauche visuelle malvenue, illustre les bienfaits d’une mise en scène diablement rythmée comme maîtrisée ; certes bien entouré, Abrams ne déçoit donc aucunement, la partie graphique s’avérant aussi impressionnante que bien dosée (exception faite de quelques incohérences, notamment parachutées), tandis que le scénario se voit sublimer par l’incorporation de nouveaux protagonistes.


Là est d’ailleurs l’autre grand point fort du long-métrage, qui à l’image d’un Ving Rhames retrouvé parvient à conjuguer casting on ne peut plus aguichant à des personnages enfin attachants, le tout au service d’une trame décidément surprenante ; si l’on peut déplorer cependant l’approfondissement pauvre de quelques figures secondaires (Jonathan Rhys Meyer et Maggie Q), le plaisant Benji (Simon Pegg) et les énigmatiques Musgrave / Brassel (Billy Crudup / Laurence Fishburne) incarnent à merveille un fond scénaristique aux nombreuses facettes, de quoi faire oublier les errements de l’éternel idiot de la fratrie (personne n’est aussi inutile qu’Anthony Hopkins en somme).


Impossible de ne pas citer enfin la présence de Phillip Seymour Hoffman au cœur de ce thriller si bien rôdé, son rôle de grand antagoniste, l’intimidant Owen Davian, se posant en fer de lance d’un scénario aux excellents rebondissements ; au gré d’un crescendo réussi, porté par une ambiance captivante de A à Z, M:I3 se fend ainsi d’un final aussi musclé qu’électrique, parachevant ainsi un divertissement dans son ensemble irréprochable (comprenant quelques séquences marquantes, telle que l’infiltration du Vatican).


Bref, M:I3 aura plus que tenu ses promesses, aussi on ne lui reprochera pas son happy-end immensément convenu ; on en retient donc davantage le cocktail détonnant ayant assuré sans discontinuer le spectacle (comprenant de l'humour savamment dosé), et la présence à l’écran d’un casting franchement efficace, faisant dès lors de Mission Impossible (la mention "impossible" retrouve ici tout son sens) une référence majeure au sein du cinéma d’espionnage grand public.

NiERONiMO
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le 30 août 2015

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