Premier contact avec l'oeuvre déjà fournie de Xavier Dolan - à son âge d'un quart de siècle, on serait content d'avoir signé un film, lui en est à son cinquième - et un sentiment riche et ambivalent devant ce Mommy. Ça fourmille de scènes splendides, hélas dispersées ça et là dans une histoire à la trame lâche, redondante, qui peine curieusement à creuser son sujet.
Sur le plan formel, ce qui surprend au premier abord est bien entendu l'emploi du format 1:1, oppressant, étrange, audacieux. Les fugaces passages (naïfs et plein d'esbroufe) en 16:9 offrent de vraies respirations, renforçant l'empathie du spectateur pour les personnages. Xavier Dolan abuse également de jeux de focales distordues, versant dans une surenchère de flou colorés parfois heureuse, parfois trop forcée pour susciter l'émotion...
Au final, dans une histoire qui ne fait que gratter la surface, encore et encore, du thème de la maternité mise à mal par un enfant troublé, ce qui déclenche l'enthousiasme reste la performance du trio d'acteurs. Et dans ce trio, il y a Suzanne Clément, époustouflante. Sa capacité de métamorphose (de bourgeoise engoncée en furie contenue) accouche de confrontations dantesques, particulièrement face au personnage de Steve (incarné par un Antoine-Olivier Pilon épatant), feu follet rugissant constamment sur la corde raide.
Mommy vaut le détour, indubitablement. Dommage qu'il semble avoir été écrit avant tout au service d'une esthétique (et d'une bande-son qui donne une succession de clips musicaux) plutôt que d'un réel scénario (éventé en 15 secondes de texte fixe introductif. Il faut le faire).
A noter que si vous voulez vous réconcilier avec l'oeuvre de Céline Dion, c'est le film idoine.