A première vue, Mr Wolff semblait être un thriller psychologique avec un personnage complexe et ambigu. C'est le cas, du moins dans sa première partie, avant de se détendre en devenant un film d'action avec une pointe d'humour et des facilités scénaristiques. Cela n'enlève rien à l'efficacité de cette oeuvre originale, qui se révèle être un divertissement de très bonne facture.
Mr Wolff est une version plus réaliste de Batman. Pourquoi ce parallèle ? Car Ben Affleck, entre autres. Ce n'est pas un personnage Marvel ou DC Comics, mais il en emprunte les codes. Grâce aux flash-back, on va découvrir son passé avec une enfance difficile, ce qui est la base pour devenir plus tard un super-héros, voir un super-comptable. Il y a tout de même une légère différence, c'est un enfant autiste. La société le voit comme un être différent, alors qu'il est en fait doué d'une exceptionnelle capacité à finir un puzzle en un temps record et d'exceller dans les mathématiques. Ce don s'accompagne de désagréments psychologique avec un besoin irrépressible de finir tout ce qu'il entreprend. Sa vie est chronométrée à la seconde près, mais aussi au millimètre. Il a ses rituels et ne peut en dévier, au risque de mettre en péril son fragile équilibre. Bien sur, une poussière va ébranler son univers, le mettre en colère et là....
On pourrait aussi le définir, comme une sorte de croisement entre Jason Bourne et Rain Man. En fait, il ressemble à divers personnages croisés à travers plusieurs films où séries. Il a un côté Punisher en plus humain, mais c'est surement dû à la présence de Jon Bernthal. Les références sont rassurantes, elles permettent de se retrouver dans un certain confort et de d'amuser durant ses aventures. Ben Affleck est impeccable, il a le regard fuyant et se montre froid, même lorsqu'il fait preuve de générosité envers les gens. Comme Superman, ce sont les lunettes qui font office de masque, car dès qu'il les retire, son visage se décrispe légèrement et il est presque capable de sourire. Son univers est sombre, il n'a pas d'activités sociales et son seul contact est une voix lui donnant des informations à travers un mobile. C'est un solitaire.
La réalisation de Gavin O'Connor se montre aussi glacial que son héros. Il évolue dans un monde pessimiste, où la couleur est quasi-absente, sauf dans une oeuvre de Jackson Pollock trônant dans son antre de super-héros. Le casting de gueules talentueuses est parfaite pour entourer Ben Affleck, avec J.K. Simmons, John Lithgow et Jeffrey Tambor. Mais celui qui crève à nouveau l'écran, c'est Jon Bernthal. Il est le feu face à la glace. Le brin de folie qui pimente ce délicieux plat. Le duel à distance entre lui et Mr Wolff est plaisant, tout comme la lumière provenant d'Anna Kendrick. Sans oublier Cynthia Addai-Robinson, dans un rôle plus intéressant que ses apparitions dans Arrow. Chacun apporte un élément permettant de donner une tonalité différente au film, que ce soit dans le drame, l'action et même l'humour. Un étonnant mélange pour éviter de trop prendre cette histoire au sérieux.
Le puzzle est fascinant. On est tenu en haleine durant plus de deux heures, même si parfois on est dans la facilité où l'invraisemblance. Cela part un peu dans tout les sens, on sent le désir de créer une franchise, mais aussi de nous surprendre avec de nombreuses feintes, même si elles ne fonctionnent pas toutes. C'est un bon divertissement, même si j'avais plutôt envie d'un film sombre et complexe jusqu'à la fin.