LE COMPORTEMENT C’EST LA COMMUNICATION

Il m'est difficile de fréquenter d'autres personnes, même quand je le voudrais.

Excellente surprise que ce long métrage signé Gavin O'conor dont je ne suis pas un fervent fan hormis pour son "Warrior". Avec ce film le réalisateur signe une histoire subtilement travaillée qui se situe à mi-chemin entre un thriller psychologique noir et un film d’action bien bourrin, le tout avec une touche assez réaliste. La mise en scène est tentaculaire, on ne cesse tout du long de voyager dans le temps pour présenter le personnage énigmatique "Mr Wolff". Chose rondement menée puisque c'est avec une maîtrise rugueuse que le cinéaste enchaîne les nombreuses scènes du passé ne suivant même pas un ordre chronologique mais avec beaucoup de cohérence.

L'on passe avec aisance et compréhension d'une séquence où le héros à douze ans, puis revenir lorsqu'il en a vingt, pour ensuite revenir sur ses quarante ans, pour une fois encore replonger à ses douze ans... Un passage épisodique efficace qui parvient à rendre plus compréhensive les différentes facettes du personnage. Un passage obligeait vu que Mr Wolff ne dit presque rien et reste souvent perdu dans ses pensé, un être énigmatique appuyé par le fait qui il est aussi autiste.

Grâce à la réalisation maligne du réalisateur tout devient limpide et cela vient confirmer le talent de Gavin O'connor, qui tisse une oeuvre dans le temps avec cohérence et intérêt qui nous permet de mieux saisir les méandres et la vision du monde sur un personnage tel que Mr Wolff. La photographie est efficace, je dénote une connotation noire en filtrage ce qui appuie le ton sérieux et glauque du long métrage.

Le scénario est captivant, mettant en avant une enquête dans la lignée des vieux polars, qui au fur et à mesure finit par se détacher en prenant son temps dans un suspense qui nous enferme. Chaque séquence à son importance et reviendra nous rappeler une autre séquence, tel un puzzle où chaque pièce finit par s'emboîter. Chaque protagoniste joue un rôle clé qui fera liaison du passé et du présent, telle une toile qui s'enchevêtre et se forme à travers le temps.

L'action est tout autant surprenante car dans une oeuvre si sérieuse et alambique que celle-ci, on ne s'attend pas à voir des scènes d'action digne d'un Jack Reacher allié à un John Wick surgir. Ce contraste entre le thriller psychologique et l'action badass est surprenant d'efficacité. La jonction des deux styles est parfaite."Mr Wolff" est un personnage passionnant car il est saisissant autant d'un point de vue psychologique que dans ses actions, personnage complet et bluffant.

C'est ce qui rend la mise en scène percutante, atypique et distrayante le tout agrémenté d'un surplus de violence assumé. La bo est efficace et pourtant dilué à petites doses, par moments elle est même longtemps absente, mais finie toujours par arrivée aux moments les plus accrus et de bonne manière ce qui intensifie les séquences et a tendance à les rendre forte.

Le film met un point d'honneur sur un sujet encore incompris par beaucoup "l'autisme ", cette maladie si on peut l'appeler comme cela et bien mis en avant tout du long et nous fait comprendre que bien que les gens atteints de cette maladie semble diminuer psychologiquement et physiquement, ben il n'en est rien. Ils sont tout aussi intelligents que nous, voire plus dans certains cas, mais ils sont totalement plus sensibles au monde qui les entourent, ressentant par cent ce que nous-mêmes ressentons, se cachant à travers leurs bulles du monde qui les entourent.

Ben Affleck tient là l'un de ses meilleurs rôle, en incarnant un homme atteint d'autisme surdoué avec les mathématiques, mais sous doué pour tout ce qui touche à la vie sociale. Solitaire maniaque du contrôle et asocial il ne cesse de naviguer dans un monde d'adulte très cru, noir et dangereux auquel il fait face depuis son enfance et qui fait de lui ce qu'il est. Je serais honnête pour moi ce rôle d’autiste assassinecomptable et simplement sa meilleure performance à ce jour et c'est étrange vu qu'il a constamment un visage inexpressif.

Et c'est là justement que Ben Affleck tire son épingle du jeu car je ne sais comment mais malgré son personnage stoïque et son visage impassible, il réussit l’exploit de faire passer ses expressions figées pour des contraintes physiques et maladives et arrive au travers de son regard et de sa gestuelle à nous transmettre bon nombre d'émotion. Avec ce rôle Ben a passé un cap et peu se targuer d'avoir une panoplie de jeu large. J'adore de quelle manière le personnage de "Mr Wolff" est ambigu et laisse tout un monde mystérieux plané autour de lui. Et là où je reste baba c'est quand il essaye de se contrôler et de reprendre le dessus sur sa maladie.

Le reste du casting est vraiment excellent, que se soit J. K. Simmons, Jon Berntal... chacun amène sa pierre à l'édifice. Je regrette un peu la présence d'Anna Kendrick qui n'est certes pas mauvaise loin de la même, mais qui manque de profondeur et de texture. La relation entre les différents personnages est bien amenée et employé. Je regrette certains éléments qui sont prévisibles à des kilomètres, mais ça ne change en rien l'intelligence du scénario qui nous balade tout du long et qui aime nous lancer sur des fausses pistes.

CONCLUSION :

Mr Wolff est un thriller nerveux décoiffant mettant en avant un justicier aux attributs originaux qu'on aime et qu'on redoute à la fois joué par un Ben Affleck au top .Viscérale et captivant à la fois, cette réalisation de Gavin O'connor mérite toute mon admiration, j'espérais aimer ce film et ben je l'ai adoré.

Que Jason Bourne, Jack Reacher et John Wick fassent place à Mr Wolff.