Il faudrait inventer une notation à part pour ce genre de film, comparable à un plaisir coupable.
Car on se trouve clairement face à du cinéma popcorn, proche de l'univers des séries TV, qui m'aura fait passer deux heures plutôt distrayantes, mais dont on ne retire absolument rien, et dont certaines séquences involontairement grotesques donnent plus envie de saquer le film que de le défendre.
Cependant, ce qui m'incite à une certaine indulgence, c'est la volonté des auteurs de proposer un blockbuster axé sur un scénario original (pas un reboot/remake/suite etc...) et ancré dans le réel, certes totalement invraisemblable, mais agrémenté de quelques twists bien sympathiques, et qui diffère des franchises d'action ou de SF young adult, et des sempiternelles histoires de super-héros.
Alors certes, on pourrait presque retourner l'argument, en me rétorquant que Ben Affleck en mode autiste, affublé de capacités hors-normes, ne s'éloigne guère justement de la figure super-héroïque. Ce serait oublier que le bougre incarne au départ un simple comptable, et que ses adversaires ne sont pas des monstres ou des demi-dieux, mais des agents du Trésor, des financiers véreux et leurs hommes de mains.
Quoi qu'il en soit, l'aîné des Affleck ne constitue pas l'atout majeur de "The Accountant", handicapé par un personnage mal écrit et par un jeu monolithique, axé sur le serrage permanent de sa mâchoire carrée, qui rappellera les pires heures de son début de carrière.
D'ailleurs plus globalement, l'interprétation n'est pas hyper convaincante : entre une Anna Kendrick assez transparente, un John Lithgow quasi-figurant et une Cynthia Addai-Robinson très masculine, seul JK Simmons et surtout Jon Bernthal tirent leur épingle du jeu dans ce casting.
En revanche, la réalisation de Gavin O'Connor m'a semblé très propre, avec des séquences d'action techniquement maîtrisées. Rien de follement original, à l'image des couleurs froides de rigueur en pareil cas, avec des filtres gris-bleus pour figurer la grisaille du quotidien et l'environnement technologique, mais l'ensemble apparaît solide, proposant notamment quelques close-combats spectaculaires, qui jalonnent un récit plutôt bien rythmé.
A mi-chemin entre techno-thriller financier et film d'action à la Jason Bourne, ponctué d'emprunts à l'ensemble des grosses productions de ces quinze dernières années, "Mr Wolff" laisse donc une impression contrastée : plutôt prenant au cours de la projection, assez insignifiant quand on y repense à tête reposée.