Orange Mécanique ou la folie de Kubrick mise en images, sa démence visuelle transposée à l'écran à travers un film toujours aussi prenant et, finalement, toujours d'actualité. Un long-métrage époustouflant sur la violence sous toutes ses formes mais surtout personnifiée par un protagoniste principal aussi glaçant qu'attachant : Alex DeLarge, campé avec une conviction inouïe par le génial Malcolm McDowell, alors âgé de 28 ans.
Avec sa narration glaçante, la progressivité d'une histoire passionnante amenant le spectateur au cœur-même de la tourmente d'Alex, le long-métrage devient très rapidement hypnotique, ne lâchant jamais prise. L'anti-héros par excellence commet donc puis subit des atrocités qui deviennent de plus en plus insoutenables au fil des minutes qui défilent, que ce soit des viols crus, des tabassages incessants ou encore tout simplement d'innombrables insultes dans un jargon étrange mêlant russe et anglais.
Ainsi, malgré quelques détails modifiés voire simplifiés pour l'adaptation cinématographique et une fin ceci dit très différente, le film de Kubrick est extrêmement fidèle au roman original d'Anthony Burgess, le metteur en scène américain ayant saisi l'essence de l'œuvre pour la proposer à sa sauce, avec succès. Sa réalisation comme d'habitude soignée, ici aussi psychédélique que sordide, se mêle à une mise en place de plans musicaux inoubliables et des décors futuristes barrés typiquement ancrés aux années 70.
On n'oubliera également pas la force visuelle du film, Orange Mécanique étant l'une de ses plus violentes œuvres, en témoignent la foule de scènes cultes qui peuplent le long-métrage comme le passage à tabac du clochard, le viol dans la maison d'Alexander ou encore le fameux test sous fond de la "9ème Symphonie" de Beethoven ou encore tout simplement cette ambiance malsaine omniprésente et ces situations désagréables qui mettent immédiatement mal à l'aise... Un des meilleurs films de Kubrick et un chef-d'œuvre intemporel qui continue de faire froid dans le dos.