Parmi les quelques films de science-fiction sortis en cette fin d'année 2016 (et cités dans ma critique de Premier contact), Passengers était probablement celui dont on attendait le moins.
Faut dire que sur papier, ça paraissait gentillet: un couple d'acteurs BCBG qui se réveille trop tôt d'un voyage stellaire de plus d'un siècle et à qui l'on devine qu'il va arriver des bricoles (les bandes-annonces très révélatrices n'aidant en cela pas beaucoup), le tout avec quelques idées piquées çà et là à Pandorum, Sunshine, Gravity ou encore le Shining de Kubrick.
Or des idées, ce film n'en manque pas: malgré un démarrage qui choisit la voie de la facilité et ne sera jamais totalement expliqué, on se retrouve vite avec une love-story SF terre à terre, à l'ambiance visuelle et psychologique assez prenante. La solitude, les réflexions intimes (sommes-nous les maîtres de notre destin ou n'en sommes-nous que les "passagers" ?), l'abandon de la moralité au profit de son propre salut... Tout cela fonctionne très bien, sans compter la plus belle scène de danse dans l'espace depuis Wall-E.
Problème(s): si idées il y a, toutes semblent souffrir de la limite imposée par le point de départ dont on parlait tout à l'heure :
En gros, les capsules de cryogénisation sont censées être infaillibles, ce qui ne facilite pas la tâche à nos deux tourtereaux qui sont les seuls - ou presque - à qui cela arrive. En dépit de leur idylle non-désagréable à regarder, on est tout de même en droit de s'attendre à une éventuelle résolution du problème, tout du moins à une explication digne de ce nom. Mais même la brève intervention de Laurence Fishburne n'apporte pas grand-chose, si ce n'est faire avancer le script en fournissant juste de quoi permettre à Chris et Jen de survivre au dernier acte... Sans compter une conclusion tellement évasive et frustrante — « Bonjour, je m’appelle Andy Garcia et je n’ai aucune idée de ce que je fous là ! » — que cela en devient presque odieux.
Parce qu’on l’aime bien, ce film. On s’attache à ses personnages, à leur histoire. On salue le travail du réalisateur d’Imitation Game, aussi appliqué avec sa caméra qu’avec ses acteurs (Chris Pratt n’a jamais été aussi bon, Jennifer Lawrence toujours égale à elle-même, Michael Sheen n’aurait pu être mieux choisi et cela fait toujours autant de bien de revoir Larry, même si peu de temps). On conserve également quelques souvenirs visuels impérissables, comme cette piscine avec vue sur le cosmos qui aurait pu donner lieu à une des meilleurs scènes du film si là encore le scénariste de Prometheus (ceci explique cela) l’avait exploitée jusqu’au bout.
D’ailleurs en parlant d’exploitation, voir le nom de Thomas Newman au générique m’a fait hausser un sourcil tant la BO est tout sauf transcendante... Peut-être devrais-je la réécouter à part pour lui donner éventuellement une seconde chance.
[En revanche, la chanson du générique de fin est à jeter]