Faisant partie d'une longue suite de collaborations entre le réalisateur Dennis Dugan et l’acteur et producteur Adam Sandler, le spectateur pourrait avoir quelques inquiétudes, le duo ayant sur leur CV autant de pétards mouillés que de petites réussites. Et puisque celui-ci évoque le mariage homosexuel, sujet ô combien sensible, la crainte était d’arriver à une catastrophe intersidérale. Heureusement, le soupir de soulagement est de mise une fois le visionnage fait.
Chuck et Larry sont deux très bons amis, des frères, qui s'épaulent ou se taquinent dans leurs métiers de pompiers. Chuck est veuf avec des enfants. Il sait que s’il meurt ils n’obtiendront rien. Il demande donc à son ami et collègue de prétendre qu’ils forment un couple pour contracter un mariage blanc gay. Mais un bureaucrate soupçonne la supercherie, et ils n’ont d’autres choix que de se mettre ensemble. Le mensonge prend des dimensions de plus en plus grandes, leurs autres collègues apprennent la nouvelle et Larry tombe amoureux de leur avocate…
Des quiproquos et des personnages qui se prennent à leur propre jeu, le film fonctionne bien au petit jeu des situations qui n’ont pas l’air d’être ce qu’elles sont. Il y a des petits bouts de gras, car Chuck et Larry sont deux hétéros qui aiment bien la femme, surtout Larry. Mais aussi une certaine sensibilité. Chuck est le bon père de famille, qui a de l’amour à donner à ses enfants. Chuck et Larry sont deux bons amis, qui, par amitié, et respect pour l’autre, vont devoir accepter certaines situations embarassantes.
Il y a bien sûr le regard sur l’homosexualité, sur l’union entre personnes de même sexe. Le film aurait pu être le cadre de personnages efféminés, de folles ridicules. Mais s’il s’agit aussi de plaisanter sur l’homosexualité, et pas de s’en moquer. Le film n’est pas un brûlot revendicatif, mais il affiche une tolérance bienveillante sur la différence. Les préjugés sur l’union de Chuck et Larry sont bien présents, mais ne représentent qu’une partie du film. Ne pas en parler aurait occulté une certaine réalité, centrer le film dessus aurait dévié le film qui est avant tout une belle histoire d’amitié.
Un doux sentimentalisme qu’Adam Sandler a su préserver en adoptant un jeu plus réservé que d’habitude. C’est l’homme à femmes du duo, mais aussi avec un petit coeur qui bat. Kevin James incarne le rôle d’un papa poule, son physique de nounours s’y prête bien, il reprendra l'uniforme du gentil père dans Paul Blart : Super vigile. Parmi les autres acteurs citons Steve Buscemi, toujours aussi remarquable, pour un rôle de fonctionnaire entêté qui lui va comme un gant.
Le film est un peu gros sur les coutures, comme tout film d’Adam Sandler et de Dennis Dugan, mais il fait partie de leurs meilleures productions ensemble. Les scénaristes du film ont pourtant reproché que leur script fut modifié à la convenance de ces deux personnages. Mais le résultat ne déçoit pas, il arrive même à surprendre tant l’idée pouvait sembler périlleuse entre de telles mains. Ce n’est pas un film social, ce n’est pas un vaudeville non plus, et c’est dans cet équilibre entre humour franc et une bonne dose de sentiments que le film arrive à trouver sa place. C’est une belle histoire d’amitié, mais aussi une délicate leçon de respect.
Il aurait fait un tabac pendant les Manifs pour tous.