Prison break
Un film danois sur l'univers carcéral ne saurait être complètement mauvais. Surtout quand on a aux manettes Tobias Lindholm, qui n'est autre qu'un des scénaristes de Vinterberg et le réalisateur du...
le 30 nov. 2016
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Un film danois sur l'univers carcéral ne saurait être complètement mauvais. Surtout quand on a aux manettes Tobias Lindholm, qui n'est autre qu'un des scénaristes de Vinterberg et le réalisateur du très bon Kapringen. Dans ce dernier film comme dans R., on retrouve d'ailleurs Pilou Asbæk dans le rôle principal : qu'on ne se fie pas à son gentil prénom tout doux - l'homme est plutôt du genre violent et abonné aux situations hardcore.
Impossible de ne pas songer dès les premières minutes à Un Prophète de Jacques Audiard, son frère siamois hexagonal, même si ce dernier, en comparaison, paraît bien optimiste et bien solaire... C'est dire ! La caméra de Tobias Lindholm ne quittera pas les murs de la prison, jamais ne se permettra une percée salutaire hors de sa grise enceinte, cadenassant le spectateur, dès les premiers instants, dans un très oppressant huis-clos. L'atmosphère crasseuse et sombre du pénitencier où, de chaque couloir mal éclairé peut jaillir un agresseur potentiel, est renforcée par la bande-originale, sourde, bourdonnante et menaçante à la Irréversible, qui installe une pesanteur stressante.
A l'instar de Malik/Tahar Rahim qui doit apprendre jour après jour les codes et les règles propres à la vie quotidienne d'une prison, Rune/Pilou Asbæk va devoir apprendre à faire profil bas et respecter la pyramide hiérarchique en place. Ici, c'est de toute façon très simple : marche ou crève, tue ou sois tué - rien d'autre à comprendre. Pilou n'a donc pas d'autre choix que de filer doux et de tenter de mener à bien les missions qu'on lui attribue et qu'il n'a aucun loisir de discuter. De règlements de comptes en trafics internes, de coups de couteau dans le dos en promotions surprise, nous suivons le quotidien de ces hommes pour la plupart rendus à une forme de bestialité.
La caméra ne nous épargne aucun détail violent ou scabreux : le cinéma danois ne craint pas d'être radicalement réaliste en la matière. Néanmoins, la qualité d'interprétation des acteurs, la justesse de la mise en scène, les rebondissements du scénario font qu'on ne quitte pas l'écran des yeux pendant 1h40, happé par cette zone de non-droit emplie d'âmes damnées.
R. est aussi un film sur la confiance, sur ceux à qui on l'accorde, et sur l'inévitable trahison quand il s'agit de sauver sa peau dans un contexte si cruellement inhumain. Le récit est en cela très bien construit qu'il ménage des virages scénaristiques que j'ai trouvés très étonnants - mais noirs, si noirs, extrêmement noirs. J'ai également trouvé intéressante la réflexion finale sur la religion en prison, sur l'éventuel salut ou la rédemption à trouver par le truchement de la transcendance - questionnement ô combien actuel !
Un film douloureux, sans espoir, ténébreux et cruel, mais dont le parti-pris artistique radical et sans concessions, la mise en tension impeccable, l'interprétation gigantesque, sont pour moi des raisons suffisantes pour le conseiller à tous les amateurs de très grand cinéma.
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le 30 nov. 2016
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