Gyllen, jeune Anglais de 18 ans, en vacances au Maroc avec sa famille, décide de larguer les amarres en "empruntant" le camping-car de son beau-père. Il envisage de rejoindre son père, installé en France, à Arcachon.
Il rencontre William, un jeune Congolais de son âge, qui lui veut aller à Calais pour voir ce qu’est devenu son frère dont il n’a plus de nouvelles.
Les deux adolescents font la route ensemble et une véritable amitié nait entre eux, soudée par les obstacles qu’ils doivent affronter. Ils ont soif de liberté et leur pérégrination se passe dans un premier temps sous les meilleures hospices, presque comme dans un rêve. Mais arrivés en France, ils devront faire face au principe de réalité et se rendre compte que la vie n’est pas toute rose parsemée de fleurs bleues.
Après son précédent film, Victoria, où Sebastian Schipper avait relevé le défi de tourner en un seul plan séquence, Roads est plus sobre question mise en scène, même si, road movie oblige, on remarque beaucoup de travellings sur la route et sur ces personnages en mouvement. Le formalisme n’est pas ici la préoccupation principale de Schipper, qui s’intéresse plus au fond : la naissance d’une amitié, le désir de liberté des jeunes confronté à la dure réalité de la vie, le sort des migrants en Europe.
Le côté carnet de voyage n’est pas central dans le film. Ce qui importe, c’est le voyage intérieur que chacun entreprend, de la
distance émotionnelle qu’on parcourt, du lien fraternel qu’on peut
tisser avec un parfait inconnu."
nous dit le réalisateur.
Pour ce qui est du sort des réfugiés de Calais, abordé à la fin, ce n’est pas non plus le sujet central du film, mais l'auteur voulait aborder ce thème très actuel et lié avec les notions de la compassion, de la fraternité, ainsi que de la confrontation avec la réalité qui lui sont chères.
La musique est très présente et j’ai personnellement été très séduit par la B.O planante de The Notwist. Elle contribue pleinement a donner un aspect euphorisant à l’aventure des deux jeunes héros. Il y a de très belles séquences, comme celle où Gyllen et William inhalent du cannabis pour se détendre, ou quand il font la fête avec des jeunes filles rencontrée en Espagne, ou encore quand ils sont stressés par un hippie allemand..
En France, dans un registre différent, la séquence de la baraque à frites, illustrant l’hospitalité à la Française (Bienvenue chez les chtis ;-) est également très parlante.
Les deux comédiens ( Fionn Whitehead, le blanc Anglais et Stéphane Bak, le black Français) ont une belle présence dans cette coproduction franco-allemande où l’on parle essentiellement anglais.
Roads est un bon road movie contemporain, déluré au début, plus sérieux ensuite, qui s'adresse sans doute principalement aux jeunes Européens (mais que les vieux croutons de tous les continents pourraient aussi apprécier), dans le but de les divertir, mais aussi de les inciter à réfléchir.