Après trois longs-métrages passés inaperçus, Sebastian Schipper avait fait forte impression avec Victoria et pas seulement pour sa prouesse technique avec son unique plan séquence. Aujourd'hui,le soufflé retombe avec Roads qui, dès son entame, s'avère très peu crédible dans ses péripéties marocaines. A la croisée des chemins pour cet Africain qui cherche à rallier la France et ce britannique en rupture de ban familial, le réalisateur s'efforce de nous faire croire à leur amitié (ils ont tous les deux un frère disparu) mais sans nous donner vraiment des preuves tangibles d'y croire au gré d'aventures assez insipides entre l'Espagne et Calais. Tout le film est marqué par une certaine mollesse, à l'encontre de ce que Schipper avait montré dans Victoria : dans le rythme, dans l'intrigue voire même dans l'interprétation même si ses deux principaux acteurs ne déméritent pas. Un road movie est un genre qui ne souffre pas d'approximations, Roads en est plein et semble mettre sur le même plan le spleen occidental et la détresse d'un migrant sans papiers pour évoquer une jeunesse déboussolée. Schippar a sans doute voulu tourner un double récit d'apprentissage mais le point de vue parait flou et les enjeux jamais apparents. Le film semble partir parfois à vau l'eau, ne plus rien contrôler (l'épisode avec l'allemand) et ne laissant aucune place aux personnages secondaires. En matière de road movie, mieux vaut aller voir 303, autrement mieux écrit et bien plus touchant.