Roads, on peut s'en douter quant au titre, est un road movie. Le film coche toutes les cases du genre : errance, distance (Maroc, Espagne, France), emploi de l'anglais (ne pas oublier que le road movie prend racine dans la culture nord américaine, on pense toujours à Jack Kerouak), cavale (vol d'un camping car en toile de fond), rencontres plus ou moins sympathiques, drogue et ivresse de la liberté, parfois assombrie par l'incertitude de l'avenir, évolution dans les rapports entre les personnages. Un trip réussi est un trip dont on sort un peu transformé. Ici, la solitude a fait place à l'amitié.
Tout débute par la rencontre fortuite entre deux garçons à peine adultes, l'un anglais, l'autre congolais, au parcours différents mais pareillement perdus, et qui prennent la route avec une envie de fuir (sa famille, son pays) et une quête à accomplir quelque part en France (retrouver un père, retrouver un frère).
Film tout en délicatesse, porté par la grâce de ses deux interprètes, Fionn Whitehead (belle découverte de Dunkerque) et Stéphane Bak (Seuls et plus récemment twist à Bamako), jeunesse un peu désabusée, en mal de réconfort et qui découvre la tendresse dans l'amitié et la fraternité.
C'est une thématique peu souvent exploitée : l'amitié masculine est généralement synonyme d'amitié virile, tape dans le dos, poignée de mains, camaraderie. La tendresse entre deux mecs est davantage associée aux relations homosexuelles. La longue étreinte de deux garçons précède souvent un baiser.
Rien de tel ici.
Gyllen et William manifestent leur amitié naissante par les gestes de tendresse dont ils ont besoin, sans qu'il n'y ait rien d'équivoque. La tendresse ici n'est jamais associée à une attirance ou un désir, et demeure une manifestation d'amitié entre deux garçons qui découvrent l'importance d'être là l'un pour l'autre.
Un film sensible, tout en simplicité. Que l'on peut découvrir en replay sur Arte en ce moment.
(écrit le 26 avril 2022)