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…Nous avions un générique déroulant sur fond de l’emblématique thème musical de John Williams. Ce rituel autant visuel que sonore donnait le ton d’une nouvelle aventure épique et attendue pendant plusieurs années, voire parfois plusieurs décennies. Mais de nos jours, plus besoin de sacrifier un Gungan un soir de pleine lune – ou alors uniquement pour son plaisir personnel – pour voir débarquer un nouvel opus de Star Wars sur nos écrans. C’est ça la magie du cinéma selon Disney, et ils comptent bien entretenir la flamme (du merchandising) de la licence avec un épisode mineur s’intercalant entre deux opus officiels.


Sur le papier, Rogue One a tout de la fausse bonne idée : faire un long métrage à partir d’une simple et unique phrase balancée fortuitement dans l’épisode IV. Rogue One c’est également une production chaotique avec une ribambelle de scénaristes ne parvenant pas à accoucher d’une histoire correcte, plus d’un tiers du film ayant dû être retourné et enfin un compositeur qui n’a pas pu achever les musiques à temps et dont le remplaçant a été engagé un mois avant la sortie du film dans les salles obscures ; soit d’excellentes conditions pour succéder à John Williams….


Autant je peux concevoir la volonté de Disney de distinguer les épisodes numérotés des spin off et, en ce sens, de rompre avec certaines traditions comme le fameux générique si caractéristique de la saga, autant Jedi non à une soundtrack aussi impersonnelle que bâtarde. Quitte à vouloir s'émanciper des codes des 7 films sortis à ce jour, il fallait y allait à fond, radicalement. Il fallait laisser pleinement sa chance à un (/des) compositeur/s et lui donner l'opportunité d'inscrire son nom dans le sillon de la Légende qui a composé des thèmes aussi marquants que ceux de l'Imperial March ou de la Force


Au lieu de cela, on a droit à des bouts des thèmes emblématiques... mais remixés. Si on fait abstraction du recyclage facile/de l'intention louable/de la production mouvementée (rayez la/les mentions inutile/s) il demeure un désagréable sentiment de supercherie. Au lieu d'être cueilli par la surprise d'une variation bien sentie dans des thèmes fredonnés sous la douche chaque matin par de nombreux fans, c'est plus souvent une déception teintée de consternation qui se fait sentir. Tel un grand trouble dans la Force... Quant aux musiques originales composées pour l'occasion, elles se révèlent être bien trop discrètes pour marquer les esprits. Un peu comme les protagonistes de cet opus...


Si jusque-là je reprochais à Rogue One des choses triviales de l'ordre du détail pour fanboys, le traitement des personnages - et plus globalement de l'écriture - est un réel échec. Qui aujourd'hui peut me citer de tête le nom des principaux protagonistes ? Personnellement dès le lendemain de la séance j'en étais incapable, alors une semaine après...Et quand bien même cela relèverait de ma mauvaise mémoire des noms, force est d'admettre que les petits nouveaux n'ont rien d'attachant, en plus de pâtir d'un cruel manque de personnalité les rendant creux, voire presque caricaturaux. Et je n’écris pas nécessairement cela parce que le pratiquant d’arts martiaux est interprété par un asiatique…


Surtout que le personnage de Donnie Yen est probablement le plus réussi du métrage. L’intrigue se situant dans une époque de troubles où la Force n’est plus en odeur de sainteté, voir débarquer un prêcheur aveuglé par sa foi – et auquel les scénaristes ont su résister à la tentation de lui refourguer un sabre laser pour mieux insuffler une part de mysticisme à la croyance en les Jedis – fait vraiment souffler un vent de fraîcheur sur une galerie de héros bien ternes. Car entre la pauvre orpheline à la personnalité mal dégrossie, le multi-fonctionnel beau gosse/rebelle/samaritain, le méchant stéréotypé et le robot empathique se voulant sympathique en jouant à outrance les comiques via son rôle de sidekick, ils concourent tous pour le prix du personnage le plus mal écrit de l’œuvre…


Cela est d'autan plus frustrant que Disney a opté pour un casting faisant la part belle à des inconnus qui s'en tirent admirablement bien compte tenu du maigre background scénaristique sur lequel s'appuyer pour donner un semblant d'épaisseur à leurs personnages. Reste le cas Forest Whitacker dont on ne comprend absolument pas l'utilisation tant il donne l'impression d'avoir été lâché à poil dans la nuit et tente de s'orienter à la faveur des lunes de Tatouine. Pourtant s'il y avait bien un personnage au potentiel certain, c'était bel et bien lui....Surtout durant les deux premiers tiers du film...


...Où il ne se passe rien. On comprend les enjeux sociaux et politiques en l'espace de 10minutes, on cerne la nature des personnages en moins de 2 et le reste du temps on assiste au déroulement ultra conventionnel d'un film hollywoodien standard. Gareth Edwards a donc scrupuleusement suivi les items du cahier des charges qu'on lui a imposé; à savoir faire un film accessible, qu'on soit fan de Star Wars ou non. En cela, la mission est réussie. Son film est lisible, les clins d'oeil à l'univers sont bien présents et le réalisateur de Godzilla n'hésite pas à titiller notre imaginaire en intégrant ici et là quelques créatures originales qui rappellent pourquoi Star Wars est tant apprécié par les aficionados de SF.


Dans le même registre, le récit prend place sur plusieurs planètes, or ces dernières sont survolées sans jamais nous donner l'occasion de les visiter et de nous émerveiller avec des panoramas fantasmagoriques et propices à l'évasion. Cela donne une impression de poudre aux yeux, à l'image de la caution mature qu'on essaie à tout prix d'associer au film. Oui un stormtrooper est abattu sans somation au début du film. Et ? A quelle moment une telle scène est-elle réitérée ? C'est censé donner le ton du film, l'ancrer dans l'enfer de la guerre et rompre avec les guérillas bon enfant des opus précédents - mais suivants, d'un point de vue chronologique - à l'instar de l'épisode VI où les rebelles font la guerre en compagnie de peluches trop "kawaii" dans la joie et la bonne humeur...


De ce point de vue là, Rogue One est un poil de Wookie plus sérieux que les autres opus de la licence. C'est indéniable mais il n'y a pas de quoi s'extasier pour autant sur le fait que les rebelles dépeints ne soient pas des sex symbols indestructibles, que les stormtroopers aient leurs armures maculées de terre et de boue, ou qu'il y ait des victimes des deux cotés pendant une guerre. Ainsi, sans être grandiose, le dernier tiers du film offre une bonne grosse dose d'action bien maîtrisée, nerveuse et plutôt agréable à suivre. Quant à la dernière scène, accompagnée de son thème musicale originale, non content d'être à l'origine de frissons jubilatoires, elle rappelle à tous que la première trilogie a accouché de ce qui est assurément l'un des méchants les plus marquants et charismatiques de l'Histoire du cinéma. Rien que ça.


J'ai conscience de me montrer très critique envers ce film. Et croyez-moi que je ne le fais pas de gaieté de coeur. J'aime sincèrement Star Wars et son univers pour tout ce qu'il m'apporte depuis presque 25ans. Et même si je n'attendais rien de cet épisode de transition, le fait est que je suis sorti déçu de cette séance. Que ce soit les personnages, le scénario, les musiques et d'une manière générale l'utilisation bien trop légère d'éléments fantastiques, j'ai vraiment le sentiment d'être face à un sous Star Wars qui ne tire aucunement parti du potentiel Legends pourtant disponible et ne demandant qu'à être exploité.


De mon point de vue, quitte à proposer des films tampons entre la sortie du VIII et du IX, autant qu'ils se lâchent à fond. Qu'ils nous fassent voyager, qu'ils nous noient sous des hordes de créatures extraterrestres originales, qu'ils balancent des planètes dépaysantes dont on profitera plus qu'à travers trois pauvres plans fixes vus de l'espace, qu'ils développent des personnages hauts en couleur défrichant des pans de l'histoire restés inconnus de celles et ceux n'ayant pas voyagé dans l'univers étendu. Bref, qu'ils prennent des risques et sortent des sentiers battus. Qu'est-ce qu'ils risquent après tout ? Quoi qu'il arrive le film sera estampillé Star Wars et rapportera de facto assurément son lot de crédits galactiques à l'Empereur Mickey. Et les gens courront le voir. Et moi le premier...

MarlBourreau
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le 15 janv. 2017

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