Par les temps qui courent, quel bonheur rare de voir un film qui 1/ est à la hauteur de l'impatience provoquée par sa bande-annonce ; 2/ multiplie les effets de surprise, poussant le spectateur tout au long de ses 2h20 à souvent écarquiller les yeux et ouvrir grand la bouche sur le mode stupéfait du "Mazette, j'l'avais pas vu venir ça !"
Sale temps à l'Hôtel El Royale (rien que le titre pulp et son design canon d'enseigne toute en néon...) est un petit bijou pop, un jeu de massacre tarantinien dont le montage très habile relance en permanence l'excitation, un huis clos aussi langoureux que survolté tourné dans des décors à tomber dont chaque recoin est exploité et magnifié par une photographie hyper glamour et une réalisation inspirée.
Le casting est aux petits oignons, la B.O. absolument parfaite (The Supremes, Otis Redding, The Box Tops, The Isley Brothers, Deep Purple... du miel, un régal de chaque instant) et le scénario, sorte de Cluedo azimuté recoupant malicieusement les intrigues à tiroirs, prend systématiquement le contre-pied de ce que l'on croit avoir anticipé - pas une fois j'ai pu me dire "je le savais", j'ai toujours été surpris par tel retournement, telle action ou telle révélation, avec chaque fois la jouissive sensation d'une pure décharge de kiff.
Sexy, acidulé, délicieusement pop, furieusement barré, captivant, violent, fendard, émouvant à deux reprises sur la fin (larme à l’œil elle aussi inattendue), visuellement superbe, immédiatement électrisant et jubilatoire de bout en bout, ce film est, avec En liberté !, le meilleur remède aux frimas de l'automne !